Tricked by a film preacher.
Rien qu’en constatant que ce prequel au Magicien d’Oz est produit par Disney et qu’il est réalisé par Sam Raimi, on cherche où se trouve l’arnaque. Le créateur des Evil Dead et autres Jusqu’en enfer ne peut travailler pour Mickey sans avoir une petite idée derrière la tête. Soit il vient chercher l’argent du chateau de la Belle au bois dormant, soit il vient nous faire passer un message en douce, caché derrière le géant des films d’animation. Ou bien ce gredin ose t’il tenter le coup double ?! C’est face au même dilemme que sera confronté son propre héros incarné par James Franco, ne semblant agir que pour l’or du royaume d’Oz mais qui, au final, est rattrapé par son devoir de magicien élu.
La marge de manœuvre de M. Raimi est très faible, il va devoir faire un Disney à la sauce Disney dans un univers Disney avec des musiques Disney et des personnages Disney. Le bonhomme aura, pour s’aider, la bonne idée de très bien s’entourer à savoir d’un James Franco qu’il connait parfaitement bien et des trois charmantes actrices dont Michelle Williams, excellente en mère infanticide dans Shutter Island et Mila Kunis, qui a été parfaite en face sombre du cygne. Par ailleurs, c’est Danny Elfman qui est choisi pour composer la BO du film. Tous ces signes de bonne volonté semblent donner un bon point de départ à la réussite du Monde Fantastique d’Oz. Qu’en est-il finalement ?
Force est de constater que la magie de Disney est belle et bien présente. J’ai été happé par ce joli univers grâce à un excellent travail sur les effets spéciaux. C’est la première fois depuis Avatar qu’un film arrive à me faire complètement oublier l’existence de l’écran vert. Ajoutez à cela des couleurs et des teintes joliment trouvées et vous obtenez une toile de fond crédible à cette histoire somme toute assez classique d’un homme lambda qui se trouve être l’élu qui doit sauver le monde. Car même si Sam Raimi essaye de faire son job correctement, il doit quand même respecter une certaine simplicité de scénario, l’humour doit faire rire les plus jeunes, et la morale ne doit pas trop sortir des sentiers battus. Il ne faut pas oublier que c’est Disney qui a les sous !
La bonne idée qui a été trouvée pour distiller un message en filigrane du récit, c’est celle de mettre en parallèle la magie, j’entends toujours par-là la magie du monde réel c’est-à-dire celle que l’on exécute à l’aide de tours de passe-passe, et la réalisation cinématographique. L’idée qui vient à Oz pour battre la Wicked Witch est de créer une grande illusion. Le discours que livre James Franco à cet instant, lorsqu’il fait l’apologie de Thomas Edison, l’inventeur de l’ampoule, du phonographe et du kinétoscope - trouvailles qui feront naître le cinéma – m’a beaucoup plu. Par l’intermédiaire de son héros, Sam Raimi vient nous faire savoir ce qui lui vaut sa vocation au métier de réalisateur : mêler inventions et astuces judicieuses pour faire naître la magie. On reconnait bien là le passionné des films gores et de toutes les ingéniosités et techniques d’illusion que leur réalisation implique.
Pour finir, je ferai le parallèle entre ce film et celui de Scorsese, Hugo Cabret, qui se voulait être une ode au cinéma par l’éloge d’un de ses pères fondateurs, le réalisateur Georges Méliès. Le réalisateur de Taxi Driver ayant voulu à la fois faire un film qui intéresse les enfants et les cinéphiles, il avait, à mon avis, fini par louper le coche à force de trop vouloir faire le grand écart. Sam Raimi n’est pas tombé dans ce piège et réussira certainement à plaire aux enfants. Il m’a malheureusement un peu perdu pendant certaines scènes, lorsque le film se mettait au service de la 3D et non l’inverse comme il se doit.
Comme la petite fille pendant le tour de magie d'Oz : quand j’ai aperçu les ficelles, la magie a subitement disparu.