Sorti fin 1999, Le monde ne suffit pas marque un tournant dans l’univers de James Bond. En plus de d’y intégrer la dernière apparition d’un de ses acteurs emblématiques lors d’un adieu à la fois classe et déchirant à savoir Desmond Llewelyn, d’être également marquant du fait qu'il est le dernier de la saga à être sorti au 20e siècle, est l’avant dernier épisode dans lequel Pierce Brosnan incarne James Bond.
Le James Bond qui manquait d’idées
Déjà deux opus plus que réussis pour l'ère Brosnan, James Bond, version modernisée a de beaux jours devant lui. Hélas, on va très vite vous couper votre joie, premier faux pas. La sous exploitation de son bad guy, son scénario fouillis tentant de se cacher derrière sa pelletée de scènes d'action et de roucoulades, font que Le monde ne suffit pas...ne suffit pas aux fans. Malgré toutes les bonnes intentions du monde, ce nouveau James Bond peine à convaincre.
On a de bonnes scènes d’action à la fois bien tournées, bien chorégraphiées et bien fun comme cette course poursuite en bateau sur la tamise ou bien cette balade à skis se tournant à la fusillade spectaculaire, on a un Pierce Brosnan toujours impliqué et charismatique livrant un James Bond se dévoilant un peu plus, montrant au spectateur une part plus humaine, on a des nouveaux gadgets sympas comme le blouson airbag, les lunettes permettant de voir sous les fringues, la nouvelle montre Oméga faisant lumière et lance grappin, mais cette intrigue tournant au tour d’une histoire de vol de plutonium, on l’a tellement vue et revue que ça nous laisse de marbre.
Surtout, surprise, cet opus pratiquement dépourvu de combats à main nue, ne nous fera pas visiter des décors exotiques. Ici, les lieux visités ne donneront pas du tout envie d'y mettre un pied. L'atmosphère de cet opus se voudra donc sombre, bien que comportant quelques pics d'humour dignes de notre agent secret. Protection, trahison, kidnapping, héritage, faux semblants, manipulation seront au rendez-vous voyant James Bond tourmenté pour la première fois.
Même si le retour de Robbie Coltrane alias Valentin Zukovsky dans son rôle de mafieux Russe marche, même si M est un peu plus creusée, même si Sophie Marceau en James Bond girl élégante, torturée et mystérieuse donne un tant soit peu d'intérêt à ce film (preuve que toutes les actrices françaises peuvent créer la surprise dans un film américain si elles sont bien guidées), tout comme la découverte d'un Robert Carlyle digne d'un vieux méchant de l'univers James Bond, ça ne suffira pas à en faire un épisode bon. Les fautes de mauvais gout s’accumulent tant et si bien qu’on croit assister à un canular.
Renard, dont l'origin story promettait quelque chose de mémorable, tombera à plat de sa première apparition en live à la fin du film. Sa tête de zombie à cause d'une balle logée dans le cortex l'empêchant de ressentir la douleur tout en le tuant à petit feu, son coté amoureux transi, en font l'un des pires bad guy de l'univers James Bond. Et ce n'est pas tout, dans la catégorie idée de mauvais gout, Denise Richards en tient une sacrée couche.
Suivant James Bond comme un brave petit toutou, balançant des répliques d’une bêtise sans nom, cette physicienne nucléaire qui a sans aucun doute eu son diplôme dans une pochette surprise ne sert strictement à rien si ce n’est à afficher son physique volumineux pour faire baver les hommes en rut. Ces derniers auront même droit en bonus de voir « l’actrice » en tee shirt blanc mouillé. Et pendant ce temps, ne reste que Pierce Brosnan, Judi Dench et Sophie Marceau bossant dur. A noter le petit plaisir coupable que de voir Sophie Marceau se prendre une mandale par Judi Dench. Plaisir coupable je vous dis.
- J’ai toujours essayé de vous enseigner deux choses : la première, ne jamais laisser voir que vous êtes blessé.
- Et la seconde ?
- Toujours avoir un plan d’évasion.
Au final, décevant ce Monde ne suffit pas. Pas mauvais, pour autant mais un épisode qui méritait mieux, la faute à une histoire classique manquant d’originalité et un bad guy sous exploité indigne du talent de son acteur. Resteront ces scènes d'action, la jolie performance de Pierce Brosnan et Sophie Marceau, ses musiques rythmées (Garbadge pour le générique d’entrée, ce n’est pas rien), sa mise en scène et sa photographie relevant un peu le niveau de l’opus. James Bond reviendra…en meilleure forme espérons…