Le cinéma belge tourne en rond. Et le plus souvent à vide. C'est déjà flagrant dans la floppée de courts métrages belges que l'on peut trouver sur internet ; les jeunes cinéastes, obsédés par l'image, réfléchissent davantage à des effets de mise en scène qu'à un véritable scénario ; le résultat c'est cette impression que le réalisateur ne maîtrise pas son sujet et qu'il utilise toute sorte de procédés techniques pour faire oublier ses lacunes.
"Le monde nous appartient" est donc beau visuellement. On pourra reprocher quelques choix de casting, mais globalement les acteurs sont bons. J'aime bien ce petit blond aux yeux bleus ; d'une certaine façon il me rappelle Steve McQueen. Il n'a pas encore le charisme des dernières années, mais il a une certaine fougue. Dommage qu'il ne joue pas dans de meilleurs films. Si le film est très beau visuellement, ça ne soutient, hélas, pas grand chose comme idée. Ça en devient parfois carrément risible : le moment clip sur du Ozark Henry est ridicule en plus de casser le rythme du film.
Le scénario est creux. Déjà les quelques images subliminales ouvrant le film sont révélatrice de la fin de manière trop explicite ; en d'autres termes, il n'y a aucune surprise sur ce que sera la conclusion. Restait donc le cheminement, l'évolution des personnages. Et là c'est assez triste de constater qu’il se passe si peu de choses. Les personnages errent mais ne semblent pas être vivants. Ils sont juste là pour animer des scènes. Parfois on sent la tentative maladroite de complexifier un personnage, en vain. Par exemple cette scène nous apprenant que le père est accro aux jeux ne sert à rien, n'a aucun impact sur quoi que ce soit, n'est lié à aucune autre scène. Je comprends que le fond du film, le message, c'est qu'on est tous foutus, que même si une occasion se présente quel qu'évènement pessimiste viendra toujours tout foutre en l'air. Je peux comprendre ça. Mais ici il n'y a pas vraiment de mécanisme, nous sommes plutôt dans du misérabilisme impressionniste, et moi ça me gave.
Bref, "Le monde nous appartient" est un film beau, au visuel léché (le budget a été utilisé intelligemment) mais qui est creux ; c'est d'autant plus regrettable que j'avais pris un peu de plaisir devant "Michael Blanco", le premier film de Stephan Streker.