C'est le troisième film de mon petit cycle "julesvernien" qui a conclu ce mini marathon après Voyage au centre de la Terre et l'Ile mystérieuse précédemmment chroniqués. Alors attention, ce n'est bien évidemment pas une adaptation de Jules Verne, puisque le roman est de Conan Doyle, mais je persiste à penser que c'est une histoire très "julesvernienne", tout comme certains récits d'Edgar Rice Burroughs ou H. Rider Haggard.
Il s'agit d'un remake de la version muette de 1925, une production américaine signée Irwin Allen, plus connu comme producteur qui se spécialisera dans les séries télévisées fantastiques au cours des années 60, et dont on peut se souvenir surtout de Voyage au fond des mers et Au coeur du temps ; ces séries ont bercé mes jeunes années, Au coeur du temps a bénéficié d'une belle édition en coffret DVD. Irwin Allen deviendra encore plus célèbre en produisant ensuite la Tour infernale qui reste à ce jour le meilleur film catastrophe jamais réalisé.
Le studio a hélas rogné sur le budget qui au départ était alloué à Allen pour son film, d'où des Fx un peu moins performants et des décors réduits, on sent en effet le côté série B du film au budget bien plus limité que dans Voyage au centre de la Terre ou même l'Ile mystérieuse qui pourtant était une production britannique. Les décors de jungle sont donc assez restreints, mais rattrapés par le superbe carton-pâte des galeries souterraines à la fin du film.
L'équipe d'effets spéciaux sous la direction de L.B. Abbott a quand même fait du bon boulot pour la partie dinosaures : il s'agit de lézards et de jeunes crocodiliens maquillés avec écailles et fausses cornes, filmés en gros plan et incrustés près des acteurs, les procédés sont identiques à ceux de Voyage au centre de la Terre, on voit d'ailleurs une longue scène de combat furieux entre un iguane et un petit crocodilien, c'est bien réglé et l'illusion est parfaite, mais le risque de blessures pour ces reptiles n'étaient pas exclus, car c'est bien plus réaliste qu'avec des bêbêtes en Dynamation dues à Ray Harryhausen. Lorsqu'on voit aussi un petit varan qui se balade dans un décor arrangé d'arbustes, ça fait illusion, et à cela s'ajoutent les bruitages sonores des bêbêtes, constituant un tableau plein de naïveté charmante.
La liberté prise avec le roman est que l'action a lieu en 1960 et non à la fin du XIXème siècle, au moment où la science était encore avide de découvertes, car il s'agit bien d'une expédition scientifique, et d'ailleurs le début est un peu lent à démarrer, tout l'intérêt réside dans l'expédition pleine de périls et dont les personnages ont peu de caractère, ils sont même assez caricaturaux, incarnés par un casting homogène où l'on trouve Michael Rennie en meneur cynique, David Hedison (qui sera l'un des héros de la série Voyage au fond des mers), Claude Rains dont c'est l'un des derniers films, Fernando Lamas habitué aux rôles de Latinos pas très nets, et Jill Saint-John (qui reste surtout dans les mémoires pour la James Bond girl des Diamants sont éternels)... mais là n'est pas l'enjeu principal, l'essentiel étant le périple rempli d'embûches et de péripéties, la découverte scientifique à laquelle se joint un exotisme aussi mystérieux que dans les adaptations verniennes.
On retrouvera ça dans un film plus tardif comme Centre Terre, 7ème continent en 1976. Les rebondissements scénaristiques sont donc un peu plus prévisibles, mais qu'importe, l'aspect kitchissime de ces films à l'ancienne m'a toujours plu, c'est ce qui fait tout leur charme rétro, d'où ma note généreuse que j'assume, parce que c'est surtout un film d'enfance, et que malgré ses défauts, c'est un chouette divertissement qui ne songe qu'à amuser avec un fantastique bon enfant qui nous fait replonger justement dans notre âme d'enfant.