Le Monde selon Garp par FrankyFockers
Il y a longtemps, j'aimais beaucoup lire les romans de John Irving. J'ai réessayé récemment, avec un livre récent, mais je n'ai pas pu le finir. Pour autant, je suis vraiment fan de la première partie de sa carrière, même si Le Monde selon Garp ne fait pas partie de mes préférés, et bien qu'il soit son oeuvre la plus célèbre. Personnellement j'avais une préférence pour Une Prière pour Owen, L'Epopée du Buveur d'Eau et L'Oeuvre de Dieu, la Part du Diable. De ces trois-là, à ma connaissance, seule le dernier a été adapté, et le résultat est malheureusement mauvais. Il transforme un très grand roman en film hollywoodien simple et sans aspérité. Aucun intérêt donc. L'adaptation du Monde selon Garp est en revanche plus réussie. Notamment parce qu'elle est réalisée par un cinéaste. Pas non plus un grand cinéaste, mais un type qui a quand même fait L'Arnaque, Butch Cassidy et le Kid, Abattoir 5, des choses plus qu’honnêtes. J'avais pourtant déjà vu son Garp, mais je n'avais pas trouvé ça génial. Correct sans plus. Peut-être que je l'avais vu trop près de la lecture du livre. Là, ça fait plus de 20 ans que je n'ai pas ouvert ce livre, j'en ai des souvenirs vagues, et j'ai largement plus apprécié le film. C'est bien aussi parce que du temps a passé que j'apprécie la patine qu'il y a sur le film, totalement ancré dans son époque (début 80's). Le film est ample, riche, très bien construit, se déployant comme les branches d'un arbre, sans jamais perdre de vue le tronc solidement ancré au sol. La structure globale anticipe un Forrest Gump (Zemeckis l'à forcément vu) mais Garp est pourtant tout sauf un débile. Juste un enfant, puis un homme, un peu original, en marge, mais qui s'intègre pourtant parfaitement dans la vie. On rit beaucoup dans la film (même parfois presque comme dans les films des Farrelly - qui ont d'ailleurs piqué ici un des meilleurs gags de Mary à tout prix -) mais on pleure aussi beaucoup (comme dans le Tendres Passions de James L. Brooks). La mise en scène est alerte, vive, intelligente, et Hill parvient, chose rare dans le cinéma, à retranscrire la richesse et le foisonnement qu'il y a dans l'oeuvre. Je relirai bien les Irving que j'aime, mais j'ai peur d'être déçu. Ainsi, Hill est parvenu ici à me replonger dans cet univers en évitant la probable déception d'une relecture, et c'est parfait !
PS. Je crois savoir que L'Hotel New Hampshire (un bon roman) a lui aussi été adapté au cinéma. J'ignore par qui et ce que vaut le film, mais je vais essayer de le voir.