Film très austère qui rappelle la tonalité d'un Bresson (ça tombe bien, Serge Roullet en fut l’assistant), dont l'austérité se répand à tous les étages, mise en scène, dialogues, thématiques, actions. L'enjeu résume à lui seul cette âpreté : pendant la guerre d'Espagne, 1936, on est à l'intérieur d'une geôle franquiste en compagnie de trois hommes pour leur dernière nuit car ils sont condamnés à mort. L'attente de l'exécution se déroule dans un noir et blanc très contrasté qui contamine l'atmosphère de par son côté aiguisé, au milieu de discussions pour échanger des souvenirs, des angoisses. Il s'agit d'une adaptation d'une nouvelle de Sartre que je ne connaissais pas.
Je suis bon client des films de ce style qui ont épuré le contenu jusqu'au dernier bout de gras, mais ici l'ensemble est comme un peu trop sec, à l'extrême, on sent que tout effet superflu a été éradiqué, il ne reste qu'un récit dépouillé jusqu'à l'os. Le minimalisme qui en résulte est à double tranchant : il peut faire poseur tout comme il peut produire des effets décuplés. Comme à mon habitude, tristement, je me retrouve un peu le cul entre deux chaises. "Le Mur" apparait in fine comme une fable philosophique accompagnée d'une contextualisation documentaire (cf. les premières séquences issues d'archives sur la guerre) qui amène à méditer sur la mort et l'ironie du sort, à l'instar du dernier mouvement narratif assez surprenant. Triomphe de l'absurdité et confusion des genres entre héros et traître. Une œuvre dépressive à conserver pour un moment approprié.