Le Mystère d'Oberwald par Maqroll
Entre Profession : reporter et Identification d’une femme, Antonioni a tourné ce téléfilm de commande, tiré de l’œuvre de Cocteau, L’Aigle à deux têtes. Il a bougonné mais le résultat est pourtant plus qu’intéressant. Au rayon de l’interprétation, Monica Viti est une reine passionnante et Franco Branciaroli lui donne une réplique plus qu’honorable. La réflexion d’Antonioni rejoint celle de ses précédentes œuvres : la vie est bien sûr impuissante à contenir l’amour de deux êtres, alors la mort peut-elle constituer une solution ? Or, les deux amants, dans un ultime effort avant le terme, ne parviennent même pas à joindre leurs mains, démontrant ainsi que la mort non plus ne peut résoudre le problème… le problème éternel de ce « truc » qu’on appelle amour et sur lequel Cocteau s’est perdu toute sa vie en conjectures. L’homme et la femme sont-ils d’ailleurs faits pour s’aimer ? Alors, il reste peut-être la politique en guise de succédané… celle des intrigues et des assassinats rendus obligatoires par la raison d’état, celle qui fait l’histoire de toutes les révolutions et donc de toutes les civilisations depuis l’aube des temps. Un grand film de plus pour Antonioni avec une recherche sur les couleurs unique dans l’histoire du cinéma. Chaque personnage a en effet ici sa propre couleur en fonction de la teinte de ses passions… Magique, comme la musique d’accompagnement, jamais redondante, toujours en contrepoint, qui accompagne le martyre, annoncé dès les prémices de l’œuvre, des deux amants.