Japonmarkeriste
Bonne nouvelle, Chris Marker n'était pas qu'une entité mais bien un être humain. Avec des sentiments et tout et tout. Si, si. Mais bon, comment l'aurait-on su ? Durant son vivant, aucune photo ne...
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le 21 avr. 2018
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Bonne nouvelle, Chris Marker n'était pas qu'une entité mais bien un être humain.
Avec des sentiments et tout et tout. Si, si.
Mais bon, comment l'aurait-on su ? Durant son vivant, aucune photo ne filtrait de lui et quand il y avait une rétrospective de ses oeuvres, c'était en visiteur qu'il y allait, incognito et sûr d'être là dans le même temps pour voir que tout était bien respecté. Chris le fantôme qui préfigurait déjà sa Second Life bien avant ses installations des Zapping zone des 90's. Or Le mystère Koumiko permet de se rendre compte qu'il y a bien eu un Chris Marker avec un corps et des pulsions et indéniablement qu'il a été.
Parti au Japon filmer les jeux olympiques avec une bolex 16mm, le cinéaste comprend qu'il lui faut un guide. Il le trouve en la personne de Koumiko, jeune étudiante apprenant difficilement le français. Et l'on s'aperçoit très vite qu'en plus d'y voir le début d'une histoire d'amour avec le pays qui se poursuivra d'une certaine manière durant toute sa carrière, le français tombe sous le charme de son interlocutrice.
Chris la filme souvent au milieu de la foule comme un point de départ, scrute son visage longuement pour basculer en travelling sur les alentours : "Autour d'elle le japon". Partir d'un point de vue réduit pour englober un point de vue global, bonne démarche. Mais l'animal revient souvent à la charge sur la jeune femme, la bombarde de questions. On sent l'incrédulité amusée du militant qui perce à jour (vers 1966, c'est à ce moment-là que commence la période militante de Marker) quand la jeune fille rétorque qu'elle n'en a un peu rien à faire des mouvements politiques (alors importants dans les sixties au Japon --un insert n et b montrant des étudiants japonais blessés passera d'ailleurs rapidement, manière de nous rappeler que tout n'est pas si idyllique au fond) quand elle ne se montre pas amusée envers les diktats de son propre pays (un horoscope au téléphone qui enjoint de "surtout ne pas se révolter contre ses supérieurs" --hu ?). Mais surtout au délà du rapport sur le japon qu'on aperçoit par le regard d'un occidental (belles séquences où l'on comprend que les japonais dans ces années 60 cherchent beaucoup à "s'occidentaliser") ...on réalise qu'il la drague presque littéralement !
Et c'est d'autant plus gênant qu'il ne prend pas de gants et que c'est parfois à la limite du harcèlement (si ça pouvait passer auparavant, le regard contemporain d'aujourd'hui montrent bien qu'aujourd'hui les choses clochent). Certaines séquences mettent un certain malaise (j'étais pas le seul à ressentir ça apparemment après coup), d'autres se chargent d'une émotion soudaine (ces plans où la jeune fille toujours filmée par Chris le stalkeur (1) regarde mélancoliquement par la baie vitrée d'un restaurant tournant au sommet d'une tour le soleil qui se couche sur Tokyo), d'autres font sourire quand le rappel cinéphile n'est pas loin (Marker repère une affiche des parapluies de Cherbourg sortant au Japon ? Les séquences d'après on a droit à un ballet de parapluie japonais sur fond de Michel Legrand !).
Tout n'est donc pas parfait (le son direct est aussi horrible que dans certains Godard, vous savez quand les voitures passent en plein dialogue et qu'on entend rien une fois sur deux. Ou la majeure partie du temps. Or au Japon, le trafic est assez dense dans les grandes villes...) mais il se dégage quelque chose d'étrange, inédit et parfois touchant de ce Marker mineur.
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(1) Etant donné que le cinéaste était fan de Tarkovski qu'il filma d'ailleurs dans Une journée d'Andréï Arsenevitch, je suis assez content de mon jeu de mot à la noix.
Créée
le 21 avr. 2018
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