Le noir (te) vous va si bien par Patrick Braganti
Film catastrophique à bien des égards. L'intention de mettre en relief le poids de la religion au sein d'une famille marocaine installée en France peut être louable, il n'en reste pas moins qu'il faut l'agrémenter d'un scénario tant soit peu construit et consistant et de personnages capables de dépasser leur consternante caricature. L'image des femmes véhiculée par Jacques Bral (me) pose problème : soit elles sont voilées et soumises à l'autorité patriarcale (et on verra ce qui arrive lorsque l'une d'entre elles tente de se soustraire à ladite autorité) soit elles sont juste bonnes à danser nues dans un cabaret sordide. Le monde que dépeint le réalisateur sonne étrangement faux et artificiel : les décors semblent être de carton-pâte, les personnages des pantins ânonnant des phrases creuses ou des formules ridiculement définitives. Aussi bien dans la boutique de chaussures au luxe tapageur que dans le bistrot où Cobra se métamorphose chaque matin, sans parler de l'épicerie du père de la jeune fille, il n'y a personne. Ces endroits semblent irréels, détachés du monde tangible qu'ils sont censés représenter. On ne comprend rien dans l'évolution de l'histoire : comment Cobra qui doit obtenir la permission de ses parents pour passer la nuit chez une copine peut-elle se retrouver à passer une autre nuit chez le serveur du café. Tout l'ensemble est bancal et mal fichu, sans finesse ni subtilité, enfermant le personnage du père dans une attitude monolithique, apparemment approuvée par son épouse. Tout ceci en devient affligeant et risque fort de produire l'effet inverse de celui escompté. Un ratage dans les grandes largeurs.