Seconde partie de l'histoire de la famille Nilsson, après Les Émigrants, Le Nouveau Monde démarre là ou le précédent film s'était arrêté. La famille Nilsson traverse la forêt du Minnesota lors du XIXème siècle pour s'installer au bord d'un lac. Nicolas Gogol disait que: "Le véritable artiste doit peindre la nature telle qu'elle est, non l'embellir; ce qui distingue un bon tableau d'un mauvais, ce n'est pas le sujet, mais la lumière." et Jan Troell prend ce conseil quasi à la Lettre car dans Le Nouveau Monde, il dépeint la vie, la condition émigrante sans romantisme, à des années lumières de l'image hollywoodienne et de son idéalisme. Les personnages sont laids, affamés et maladifs, ils ne parlent pas l'anglais et communique difficilement avec autrui ce qui les ostracisent, les obligeant de ne fréquenter que des suédois. Esthétiquement c'est assez typique du cinéma suédois des années 70/80, avec une photo automnale, des décors dépouillés et rudimentaires. Jan Troell apporte sa vision, intimiste éclairé discrètement. Ce film est sans doute une référence trop méconnue en matière de la Condition paysanne et migrante ensuite après l'entr'acte le réalisme laisse longtemps place à des passages plus expérimentaux comme ces longs flashback narrant les pérégrinations du frère parti en Californie et enfin une dernière demi-heure quasi mutique ou les personnages principaux meurent, méditatif. Au casting on retrouve Liv Ullmann et Max Von Sydow, deux légendes du cinéma scandinave qui donnent des interprétations d'une grande sobriété et intensité.