The Intern est le film d’avion par excellence. Je l’ai trouvé sur plusieurs vols, chez des compagnies aériennes différentes. A force de le voir sur les écrans des autres, j’ai fini par me dire qu’Anne Hathaway est vraiment trop bonn…. Imprégnée d’un rôle à sa mesure.
Le synopsis n’avait rien pour m’attirer non plus. Mais après avoir renoncé à Boyhood au bout de 10 minutes pour cause de VF purulente, j’ai fini par céder.
Et je ne le regrette pas.
Autant le dire de suite, The Intern est un film extrêmement classique, pour ne pas facile, sur la forme. La mise en scène est académique et sans âme. Les interprétations de Robert De Niro et Anne Hathaway sont correctes, tout juste un petit footing de comédien.
Mais alors pourquoi un 6/10 et se casser les nénettes à écrire une critique ? Pour le sujet abordé. Car sous sa forme académique, Nancy Meyers arrive à aborder des thèmes peu développés dans une production de ce genre.
Tout d’abord, le personnage de Ben Whittaker, veuf de 70 ans. Robert De Niro interprète là un retraité actif, curieux, passionné par la vie. Nous sommes loin de l’image habituelle du vieux décrépis et gâteux, que l’on remise dans une maison de retraite car inutile à la société. Si le sujet a été abordé dans Red, il a pris la forme de la caricature. Il est intéressant de voir ici une telle image du retraité alors qu’en France, le fort chômage des plus de 50 ans rejette une catégorie de la population dans la case des inactifs, avant la voie de garage de la retraite.
L’autre personnage intéressant est celui de Jules Ostin, par Anne Hathaway, cette patronne de star-up et mère de famille. Premier étonnement, son mari est père au foyer, c’est rare. J’ai trouvé intéressant, et juste, cette image de la mère travailleuse qui subit la condescende des autres mères de famille. Des archétypes déjà développés dans Desperate Housewives, correctement avant que cela ne tourne au ridicule.
J’ai particulièrement apprécié la défense de Ben sur cette question, à un moment où il rencontre ces fameuses mères de famille.
- Je travaille pour Jules. (Ben)
- C'est permis ? (mère)
- On m'a dit qu'elle était un peu dure. (mère)
- Dure ? Oui, elle les écrase tous. Ça a fait d'elle une star sur Internet. Vous devez être fières. L'une d'entre vous brise le plafond de verre technologique. Bravo. C'est super, non ? (Ben)
- Oui, non, bien sûr. (mère)
Et hop, sans être un film ouvertement féministe, mine de rien, quelques thèmes sont glissés ça et là : plafond de verre, père au foyer, répétition du modèle patriarcal par les femmes elles-mêmes, machisme du milieu d’affaire…
J’ai constaté avec satisfaction que le film évite plusieurs écueils prévisibles. Notamment sur l’humour. Bien entendu, l’un des ressorts comiques vient du conflit de génération, de ce papy perdu dans le monde des technologies. Mais le personnage de Ben est assez bien construit pour éviter ces pièges. Cette économie des nouvelles économies est en soi risibles par moments (la cloche sonnée pour 5000 likes sur Instagram) et surtout, Ben est une personne dynamique. Il est décalé, mais il cherche à apprendre ou à contourner la difficulté. En ça, le personnage sait surprendre.
Je serai d’accord pour reconnaître que le film véhicule là l’idée que le travail donne la valeur d’une personne dans la société. Ben se cherchant une utilité avec le travail, même si cela signifie de redevenir stagiaire. Peut-être est-ce là une obligation pour aborder les autres thèmes.
Mais dans l’ensemble, Nancy Meyers aborde les situations avec douceur, et même avec tendresse. The Intern, ce sont des thèmes de société inédits, abordés avec une petite robe en mousseline. Tout en légèreté et l’air de rien.