Lent, beau et compassé
Un journaliste télé est envoyé filmer une zône frontière grecque indéfinie, au bord d'un fleuve, où se massent des réfugiés afghans, albanais, turcs, etc... Dans la masse des réfugiés, il croit...
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le 7 août 2015
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Un journaliste télé est envoyé filmer une zône frontière grecque indéfinie, au bord d'un fleuve, où se massent des réfugiés afghans, albanais, turcs, etc... Dans la masse des réfugiés, il croit reconnaître un homme politique qui était un espoir pour la Grèce après la chute des généraux, et qui a mystérieusement disparu. Il retrouve sa femme (Jeanne Moreau), qu'il convainct de revenir sur les lieux le reconnaître. S'ensuivent un grand nombre de scènes contemplatives sur le caractère inhumain et fragile de la société des frontières, gangrénée par les indics, la menace de la folie, les représailles, la séparation...
Lorsque la confrontation a lieu, la femme assure qu'il y a erreur. Le journaliste s'acharne un peu, mais doit baisser les bras. Son assistant, pour ne pas être venu pour rien, trouve à filmer un mariage entre deux mariés de part et d'autre du fleuve-frontière. Le père de la marié semble être l'homme que cherchait le journaliste. Le lendemain, il s'en va, est tenté de faire "le pas suspendu de la cigogne" (mettre son pied juste au-dessus de la ligne de frontière, sans le poser), puis apprend que l'homme mystérieux a été vu partant dans des directions différentes. Le film se clôt sur un plan étrange et onirique : sur la berge caillouteuse, une dizaine d'hommes en combinaison jaune sont montés sur des poteaux de fil téléphonique et opèrent en cadence, tandis que le journaliste dérape jusqu'au bord du fleuve.
Beau plan-séquence où la jeep part en longeant la rive, puis on voit une masse d'hommes en noir descendre, tandis qu'une même masse accourt sur l'autre rive. Un pope marie deux fiancés, qui sont chacun d'un côté.
J'aime beaucoup Angelopoulos, mais il ne faut pas se voiler la face : certains de ses films se ressemblent beaucoup, et celui-ci s'étire presque jusqu'à la caricature. Tous les plans sont élégants, avec ces mouvements de grue très coulés, minutés, ces tons qui oscillent entre le gris, le brun et le vert, ces plages de contemplation. Mais le scénario est tellement mince ! C'est un film ascétique, et qui du coup fait assez compassé. L'interrogatoire de Jeanne Moreau sur son mari a quelque chose d'assez cliché (Du genre "Attendez voir... ses derniers mots étaient étranges..."), et l'on se surprend à trouver ce hiératisme, si habité dans les autres films de l'auteur, assez compassé. J'aime en général les films assez laconiques, mais ici cela relève presque du procédé. Le passage avec l'interprétation improvisée de Let it be de Lennon, au piano, harmonica et accordéon fait un peu remplissage.
C'est un très beau film, mais il me fait trop penser à d'autres films d'Angelopoulos, et du coup il ne m'a guère transporté.
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le 7 août 2015
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