Pas hyper emballé par ce premier volet de la trilogie "Le Passage du Grand Bouddha" (Daibosatsu tôge, adapté d'un roman fleuve qui compte quand même une quarantaine de tomes), laissant émerger une légère appréhension en ce qui concerne les deux films suivants. Pourtant l'idée de suivre un personnage largement nihiliste, anti-héros par définition, machine à tuer extrêmement froide et détachée de tout principe moral, était très séduisante. Un samouraï diabolique qui fait preuve d'une violence très marquée, un style de combat considéré comme diabolique, reflet du mal qui l'habite profondément.
Mais cette histoire de deux heures traîne en longueur, et je ne saurais dire qui est le plus responsable là-dedans entre la réalisation de Tomu Uchida et l'interprétation de Chiezō Kataoka. En tous cas au centre il y a ce sabreur qui tire toujours la gueule, particulièrement impassible, poursuivi par une sorte de double plus jeune (et plus empathique, en même temps ce n'est pas difficile) sur fond de vengeance un peu trop vaporeuse à mon goût. Les talents de bretteur du protagoniste Ryûnosuke ne sont pas démontrés régulièrement et n'atteignent jamais le niveau jouissif d'une série B comme "Baby Cart" — on retiendra avant tout deux scènes : l'embuscade dans la forêt où il déboîte un groupe entier en maintenant une prisonnière sous son pied, et un cauchemar dans lequel il essaie de tuer des personnes qu'on imagine être déjà tombées sous son sabre. Mais l'ensemble est assez difficile à suivre, avec un personnage féminin très faible qui le suit comme sous coup d'un syndrome de Stockholm extrême, et un enchaînement de péripéties un peu mécanique. L'absence d'émotion est sans doute revendiquée, mais elle plombe un peu le film il me semble.