Ça vous prend à la gorge

Le passé c’est l’histoire d’une famille recomposée, une famille dans laquelle les êtres sont détruits, décomposés, perdus. Le personnage principal, Marie (Bérénice Bejo) pharmacienne, vit en France et voudrait régler les dernières formalités de son divorce avec, Ahmad (Ali Mosaffa), Iranien de Téhéran, afin de pouvoir épouser celui avec qui elle vit désormais : Samir (Tahar Rahim). L’autre problème de Marie, c’est sa fille ainée, Lucie, qui va mal et qui, de ce fait, fait vivre un enfer à sa mère. Ainsi, Marie profite du retour d’Ahmad en France pour qu’il ait une conversation avec Lucie, car ce dernier est très proche de l’adolescente perturbée. Dévoiler le reste de l’histoire serait un crime, donc je vais m’arrêter là, il serait injuste de priver un spectateur du plaisir d’un film aussi prenant.

Il est vrai qu’après la réussite de « Une Séparation », nous attendions tous le grand retour d’Asghar Farhadi, les uns diront que le film est trop lent, que filmer en temps réel c’est bien, mais cinq minutes. Les autres diront que le plan final est complètement niais (je suis d’accord, ce plan est interminable), que la scène du début dans la voiture, lorsqu’Ahmad et Marie regardent en arrière, est une allusion grosse comme une maison au titre, et que ça ne présente pas grand intérêt…

Fort bien..fort bien… Mais considérons le film en lui-même ! C’est un bijou, un petit joyau, une merveille, je ne sais quel terme utiliser. Dès le début j’ai été happée dans cet univers bordélique à souhait, dans lequel la peinture est encore fraîche sur les murs vieillis et dans lequel il fait toujours gris. Bérénice Bejo m’a subjuguée, son jeu est juste, elle est tout simplement sublime, c’est elle qui porte le film. Malgré les quelques longueurs, comment ne pas être pris à la gorge par tant d’émotions et de retournements de situation ? « Le Passé », c’est le genre de film qui vide, au bout de 2h10, on se demande ce qui a pu nous arriver, on est lessivé, on est épuisé (au passage, j’ai ressenti la même chose avec « Une Séparation »), selon moi, c’est là que se trouve la force de Farhadi, car il arrive à nous tenir en haleine jusqu’au bout, et même après la fin du film, étant donné que la fin n’en est pas une, chacun est libre d’imaginer comment le cauchemar va continuer, s’il va se dissiper ou se noircir encore plus.
C’est donc un film que je recommande vivement aux amateurs d’émotions « fortes », en revanche, je déconseille ce film à toute personne fragile, car même avec un équilibre le plus parfait, l’oppression est si grande que le cœur est à deux doigts de vaciller…