Il aura fallu que je me retrouve piégé seul dans un hôtel parisien, sans tv connectée, pour que je relâche ma garde et m'adonne sans vergogne au visionnage d'un film dont j'avais trop entendu parler pour ne pas me faire avoir. Autant l'avouer, je n'ai regardé que d'un oeil, abandonnant bien vite l'idée que j'allais passer une grande soirée de cinéma. Aussi, j'aurais dû me méfier en me souvenant que ce film, c'était surtout des femelles qui m'en avait dit du bien et faut le reconnaitre, ce film est fait pour elles. Une femme, deux hommes (en langage porno, on appelle ça du triolisme), de grands paysages, de l'ex(r)otisme et un accident drâââââmââââtique, à fendre le coeur fragile de ces dames.

Je ne sais pas comment vous faites mes belles (mais si, nous sommes intimes maintenant, ou alors ça ne saurait tarder) pour préserver votre ligne avec un film tellement rempli de sucreries, c'est vrai quoi, ça dégueule de partout: du sirop de sucre, du sucre en poudre, en morceaux, raffiné non raffiné, de canne, de betterave (picarde la betterave j'y tiens, ma soeur vit là-bas, je sais elle est barjot...). Bref, on a un bel aviateur (au début en tout cas, parce-qu'après, la tronche du type, beuuuurk...) qui tombe amoureux de la copine d'un autre (truc encore jamais osé au cinéma, Minghella est un révolutionnaire) et qui vit ça, mais alors pas facilement. Bon en fait, tout le début du film est long et chiant, ça blablate entre flashs-back et flashs-forward, pour nous amener vers un dénouement qui lui, est délicieux de cruauté. Mais si, c'est bon un peu de cruauté dans ce monde de Bisounours et c'est peut-être là la seule originalité, ça finit mal pour à peu près tout le monde et d'une manière bien vicieuse.

Bon, on va taper un peu aussi sur Minghella, pas de raison qu'il en sorte indemne, c'est lui le criminel après tout. J'ai détesté sa vision d'un Moyen-Orient pour touristes à la con, qui viennent de se payer un voyage bas de gamme au club pour beaufs du coin et qui se balladent dans le souk, casquette Paul Ricard vissée sur la tête et surtout, la banane autour d'un bide au robinet duquel on peut se faire un demi pression pour pas cher. Il est beau son souk à Minghella, beau et propre, la pauvreté n'y existe pas, les couleurs sont belles, les femmes aussi bref, une belle carte postale du Caire à destination de l'office du tourisme. Même au début du XXème, il n'y avait guère que les occidentaux pour avoir une image tellement idéalisée de l'Egypte.

On va continuer à taper sur Minghella si vous voulez bien, parce-que quand on a une à une telle troupe d'immenses acteurs sous la main (je parle pas de Juliette hein, je l'aime pas elle, un côté beauté froide qui fait que je la déteste, comme Carole Bouquet, y a guère que dans Caché qu'elle m'a bluffé), on évite de piétiner leur talent avec le talon méprisant d'une botte à moitié cramée par le sable du désert oui, quand on a tant de talent sous la main, on se fait tout petit et on en tire la substantifique moelle ! Mais là non, Minghella en a fait une troupe de snobinards qui se donnent des airs déserts. Il est incapable de leur faire ressentir ce qui habitait un film comme Lawrence d'Arabie, le souffle chaud du désert qui vient t'exploser les poumons à force de les gonfler du vent descendu des dunes de sable. Mais de souffle, Minghella n'en a pas, ce type a les poumons d'un poussin souffreteux et qui aurait passé les trois premiers jours de son existence avec une gitane maïs tantôt éteinte, tantôt allumée au coin du bec. Son film manque de pêche, d'emphase bref, de ne pas avoir besoin de faire mourir son héros pour nous tirer des larmes d'émotions, en plus j'ai pas pleuré (ch'uis un vrai mec moi, d'ailleurs je m'en gratte une en tapant ces lignes)...

Bref, la prochaine fois, je tenterai de retrouver une chambre pas cher au Suite Novotel de la porte de Montreuil, histoire de retrouver ma télé connectée préférée, de pouvoir bouffer du film jusqu'à la nausée (et dépasser Mrs Chan avant la fin de l'année) et ne pas me fader un navet (ça pue le navet en plus...) que je n'aurais pas choisi. Quand je pense que ce bidule a raflé 9 Oscars: plus qu'Amadeus, plus qu'Aviator, que French Connection et surtout, beaucoup plus que Casablanca ! Bref, la gagadémie des Oscars se paie notre tête un peu plus chaque année, la cérémonie a généralement de la gueule mais le palmarès lui, il fait la gueule...
Jambalaya
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le 1 nov. 2014

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