Capitaine d'industrie abondonnéééééééé !!!
Que voilà un film étrange.
David Barr, campé par un Leslie Banks monolithique, ne comprend rien aux hommes. Il ne comprend rien aux femmes. Il ne comprend que les bateaux.
Et il a aussi un grand sens de l'honneur patriotique.
Et paf, du coup, nous voilà embarqué dans un manifeste industrialo-nationnaliste, qui relate les affres d'un concepteur de gros rafiot. Rien ne nous sera épargné des bâtons qui lui seront jetés dans les roues (enfin, sous la coque) de la part de son conseil d'administration, de ses concurrents véreux, de ses adversaires amoureux.
Envers et contre tous, David Barr ne franchit les lignes rouges que quand sa propre morale le lui permet: faux en écriture oui, contrat avec armateur qui ne bat pas pavillon british, non !
Avec une volonté et une énergie un peu folle (une loi attendue finalement rejetée, pas d'argent pour payer ses ouvriers, tant pis, on fonce !) que ne renierait aucun Xavier B. ou Laurent W., notre bonhomme fout à l'eau les gars qui osent réclamer un salaire contre leur travail, vire celui qui demande une revalorisation de ses heures supplémentaires, foire toutes les négociations qu'il est amené à mener, ne comprend pas l'amour que lui porte une pourtant bien charmante Carol Goodner jusqu'à ce qu'il ait un besoin impérieux d'argent, mais finira pourtant par parvenir à ses fins par un concours de circonstances que seul un scénario volontariste en plein marasme économique (nous sommes en 1933) peut permettre.
On l'aura compris, peu de motifs de réjouissance dans ce brouillon Powellien (on le lui pardonnera cependant bien volontiers, vu ce qui viendra après), du jeu d'acteur sur un seul registre de son acteur principal jusqu'à un enjeu dramatique des plus ténus.
Le film a cependant le mérite d'être court et de proposer de manière fugace quelques brefs jolis moments. Micheal Powell n'a pas encore rencontré Pressburger, et la forme attend encore le fond.