Au village de Mère l’Oye, c’est la fête : on se prépare à y célébrer le mariage de Tom et Mary (Tommy Sands et Annette Funnicello). Mais le sinistre M. Barnaby veille au grain. Il charge ses hommes de main (Henry Calvin et Gene Sheldon) d’enlever Tom afin qu’il puisse épouser Mary, et ainsi jouir de sa fortune…
Malgré les nombreux aléas de sa production (qui fit croire à Disney qu’il n’arriverait jamais à produire des films musicaux) et un échec au box-office, Babes in Toyland marque un tournant symbolique dans l’histoire des studios Disney puisque le film est en effet la première comédie musicale qu’ils aient produite.
Adaptant une comédie musicale culte de Victor Herbert, dont on avait d’ailleurs déjà eu une version avec Laurel et Hardy (auxquels renvoient ici directement les clownesques Henry Calvin et Gene Sheldon), Jack Donohue ne se soucie guère de son intrigue, cette dernière n’étant qu’un prétexte à nous offrir de nombreux numéros musicaux, dont certains s’avèrent ébouriffants. Cela induit tout de même quelques longueurs, d’autant que l’on craint souvent de voir le film se perdre en vains effets comiques et qu'il arrive rarement à se départir d'une trop grande théâtralité.
Pourtant, Babes in Toyland parvient à retomber toujours sur ses pieds. De fait, le film de Donohue s’avère un réservoir de trouvailles visuelles, se renouvelant sans cesse dans un exubérant délire coloré qu’on croirait sorti tout droit d’Alice au pays des merveilles, alliant aux décors d’un kitsch assumé un style cartoonesque du meilleur effet, aidé par des effets spéciaux impeccables (notamment les jeux sur les tailles, lors du rapetissement de certains personnages).
Si l’humour se fait très discret dans la première moitié du film – ce qui n’entrave nullement sa folie créative –, la deuxième moitié se rattrape quelque peu, notamment avec l’arrivée du génial Ed Wynn, les vingt dernières minutes se finissant dans un déluge de bonne humeur, comme seuls les studios Disney savent en produire.
Ainsi, avec Babes in Toyland, les studios aux grandes oreilles inaugurent un nouveau filon, de manière encore un peu maladroite par moments, sans grand génie (aucune chanson ne reste à l’esprit), mais avec un talent certain. Et on est d’autant plus indulgent avec cette merveilleuse friandise cinématographique quand on pense qu’elle ouvrait la voie à ce qui reste sans nul doute à ce jour le plus grand chef-d’œuvre des studios Disney : Mary Poppins.