Pionnier du film de gangsters, Little Caesar définit les codes du genre pour les années 1930. Mis en scène par Mervyn LeRoy qui avait adoré le livre dont le film s'inspire, on y suit l'ascension et la déchéance du gangster Rico Bandello.


Tout ou presque apparaît ici, tous les codes de ce genre qui accouchera de films tels que Scarface sont présents, allant de l'ascension aussi fulgurante que la chute d'un gangster, les armes, les tenues vestimentaires (élégantes, le chapeau...), l'immigration, le rêve américain, le langage de la rue ou encore les techniques criminelles. LeRoy braque sa caméra sur le personnage de Rico sans le lâcher, personnage d'ailleurs fortement inspiré d'Al Capone.


LeRoy dresse un portrait psychologique de Rico et met en scène un personnage instable, violent ou encore parano dont les relations avec la galerie de personnages gravitants autour de lui sont bien souvent difficiles. Il montre un homme qui a visé trop haut et trop vite et dont la chute n'en sera que plus violente. Il laisse toujours un minimum d'ambiguïté, que ce soit sur le côté immoral des gangsters ou les liens parfois pas clairs entre ce milieu et la politique.


À travers une belle reconstitution, LeRoy sublime le décor urbain de son récit et met en place une atmosphère sombre, lourde et agressive, prenante de bout en bout. C'est rythmé, voire même nerveux et, bénéficiant d'une belle photographie en noir et blanc, il use aussi d'un astucieux jeu d'ombres et de lumières. Le film est aussi très court, notamment dû à un budget minime, et LeRoy s'en sort admirablement pour poser les bases d'un genre sans en sacrifier la profondeur. Quant à Edward G. Robinson, il trouve là un rôle à la mesure de son talent et retranscrit toute la violence de son personnage. De plus il est bien épaulé par les autres acteurs et notamment Douglas Fairbanks.


Sorti la même année que Public Enemy, Little Caesar participa activement à poser et définir les bases du film de gangsters alors en vogue dans les années 1930. Porté par un époustouflant Robinson, LeRoy signe là un film nerveux, sombre, violent et puissant.

Docteur_Jivago
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le 1 avr. 2015

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Docteur_Jivago

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