Olivier Dahan est la démonstration de ce qu'est un réalisateur français de la nouvelle génération. Un cinéphile imprégné d'une culture à toute épreuve, qui a du mordant, de l'envie, des rêves mais pas de savoir-faire. Un type enthousiaste qui se révèle être maladroit. Un gamin dans un corps d'adulte. Après un premier long-métrage remarqué (le violent Déjà mort), le voilà aux commandes de l'adaptation du conte de Charles Perrault "Le Petit Poucet" qui revient sur grand écran après le kitchissime film de 1972.


Pour cette version 2001, Dahan se voit garni d'un joli casting, d'un budget confortable et même de la présence de Joe Hisaichi, compositeur attitré de Hayao Miyazaki et Takeshi Kitano. Bref, le gaillard avait toutes les cartes pour livrer un film féérique qui n'avait rien à envier aux productions américaines... Mais voilà, Le Petit Poucet n'est pas parfait. Adapter un conte n'est jamais simple : on tombe très facilement dans la mièvrerie et dans les situations grotesques. Le film n'échappe pas à la règle, bien qu'il réussisse néanmoins à maîtriser le tout grâce à une naïveté contagieuse.


On appréciera certes la prise de risque quand même osée d'un tel projet ainsi que le parti-pris pour un univers plus ou moins gothique mais ce qui pêche dans le long-métrage, c'est sa constante inégalité... un casting hétéroclite passant du cabotinage (Samy Naceri en cruel soldat) à une certaine justesse dans le jeu (la tendre Élodie Bouchez ou encore le jeune héros du titre), des décors tantôt majestueux tantôt carton-pâte, des matte-paintings réussis mais des détails trop théâtraux, des scènes d'action bien pensées mais hélas mal filmées...


L'atmosphère lugubre peut paraître parfaite mais reste impersonnelle, comme si Dahan essayait de recréer un univers burtonnien avec trois bouts de ficelle. Qui plus est, le ton parfois très sombre pour ne pas dire violent s'autocensure par souci d'égard envers le jeune public. Bref, l'excitation et l'émerveillement sont en dents de scie et c'est bien dommage, le long-métrage aurait pu être bien plus fantastique entre d'autres mains plus expertes.

Créée

le 15 avr. 2019

Critique lue 417 fois

1 j'aime

Critique lue 417 fois

1

D'autres avis sur Le Petit Poucet

Le Petit Poucet
Djeeb
2

Beau comme un vomi de clown

C'est laid et cheap comme un téléfilm de dimanche après-midi. Je préfère oublier avoir vu au générique que Loisel a aidé à la direction artistique, parce que j'ai pas d'antidépresseurs sous la...

le 12 août 2014

7 j'aime

Le Petit Poucet
GuillaumeL666
7

De la chair fraîche

Si lorsque le film était en pré-production on avait donné un budget bien plus conséquent au film et si Dahan avait décidé de diriger ses acteurs un peu mieux, on aurait eu un vrai chef-d'oeuvre. La...

le 1 août 2017

2 j'aime

Le Petit Poucet
JanosValuska
2

Le môme.

Olivier Dahan qui revisite Charles Perrault c’est un peu comme lorsque Michel Gondry adapte Boris Vian ou quand James Huth se paie Lucky Luke ou quand Tim Burton s’attelle à Lewis Carroll, il faut du...

le 7 juin 2023

1 j'aime

Du même critique

Wonder Woman 1984
MalevolentReviews
3

Tant qu'il y aura des hommes

Toujours perdu dans une tourmente de décisions visuelles et scénaristiques, de décalages et de tonalités adéquates, DC Comics se fourvoie une nouvelle fois dans un total manque de cohésion et par...

le 26 déc. 2020

68 j'aime

6

Dune
MalevolentReviews
5

L'Épice aux étoiles

Attendu comme le Messie, le Dune nouveau aura été languissant avec son public. Les détracteurs de Denis Villeneuve s'en donne à cœur joie pour défoncer le produit à la seule vue de sa bande-annonce,...

le 18 sept. 2021

44 j'aime

5

Kaamelott - Premier Volet
MalevolentReviews
5

Les prolongations

Il l'a dit, il l'a fait. Plus de dix ans d'absence, dix ans d'attente, dix ans de doute, une année de retard à cause de la pandémie. Kaamelott a marqué la télévision, de par son ampleur, son aura...

le 20 juil. 2021

40 j'aime

10