Ne pas se limiter à l’histoire du livre était un pari audacieux, en faire un simple support une erreur regrettable. Comme si le spectateur n’était pas assez intelligent et sensible pour apprécier l’œuvre première, tout ici dans le scénario tend à vulgariser avec insistance un propos vite épuisé. La poésie du Petit Prince laisse place à l’un de ces scénarios calqué sur le modèle ultra moraliste du blockbuster américain : le message avant tout, tant pis pour la beauté. En fait, même la plupart des blockbuster en question sont bien loin d’un tel acharnement.
Alors, le livre de St Exupéry n’est pas montré pour lui même, il est transformé en argument. La mise en scène de Mark Osborne (Kung Fu Panda) n’est clairement pas mauvaise mais reste impuissante face au manque de propositions du scénario. Elle n’est d’ailleurs pas servie par une esthétique graphique cloisonnée sur elle même. Le film n’est visuellement pas laid mais il ne parvient pas à varier les ambiances, à accélérer ou à s’envoler. Les quelques tentatives (comme quand l’héroïne découvre la maison du vieux conteur ou qu’elle part dans l’espace) manque le coche, sûrement bloquées par cette 3D rigide.
Ne restent donc que les quelques passages dévoilant des bouts du livre. Eux pour le coup sont tellement au dessus du lot que leur rareté nous frustre et nous impatiente. On est aussi déçus de ne pas pouvoir en profiter indépendamment du reste puisque, encore une fois, ils ne sont pas montrés pour eux même. Trouvez plutôt sur internet une vidéo les regroupant tous, dès qu’il y en aura une, car le stop-motion confié au studio « TouTenKartoon » vaut vraiment le détour. Ou mieux, lisez le livre.
Avec cette adaptation, le petit prince peine à s’envoler. Elle n’avait pourtant pas grand chose à envier, sur le plan technique, à ses influences américaines.
WW