Dès la première bande-annonce, l'année dernière, j'ai été pris d'un scepticisme de rigueur. Le Petit Prince est un récit tout à fait complet, il n'a pas besoin qu'on l'embarrasse d'une teigneuse à qui raconter l'histoire... Je perçois déjà l'écueil qui consiste à se croire plus malin que Saint-Ex et gribouiller ça et là des annotations malvenues dans la marge.
J'étais loin de m'imaginer que, non content d'avoir compris le livre de travers, Mark Osborne s'est torché le fion avec chaque page sous mes yeux !
Dans son livre, Saint-Exupéry nous amène à nous réconcilier avec l'enfant qui sommeille en nous, tout en mettant en garde les enfants-qui-vont-devenir-des-grands : on possède les choses autant qu'elles nous possèdent et il faut savoir se préparer à l'amertume de les perdre, parfois à tout jamais...
De son côté, le film stipule sans sourciller que dans la vie il ne faut jamais rien lâcher, et renverse tous les arcs narratifs, y compris LA MORT DU PRINCE pour raconter une histoire débile qui ne fonctionnerait même pas s'il n'avait pas saccagé le bouquin !
Par exemple, allez-vous me dire pourquoi dans la première partie on a accès à l'histoire du livre quand la fille n'a plus les pages en sa possession, ni le vieux pour la lui raconter ?!
Et sitôt que la gamine prend l'avion, alors là c'est festival ! Personnages bafoués, situations grossières, résolutions stupides et cul-cul-la-praline... J'ai assisté impuissant, crispé de haine et de douleur dans mon fauteuil, au massacre.
Ce film est un scandaleux torchon, ni fait ni à faire, et s'il n'y avait pas Jamel pour aller encore plus loin dans la débauche, il s'agirait de la pire adaptation littéraire de l'année !