Peur du noir
"Le peuple des ténèbres" est un cool titre. Ça rappelle des bonvieux films d'épouvante, ceux fait avec peu d emoyen, beaucoup d esuggestion et d'ingéniosité. Malheureusement le film n'est pas à la...
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le 11 déc. 2013
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- Que se passe-t-il ?
- J'ai une sale tête, non ?
- Affreuse. Que t'est-il arrivé ?
- C'est difficile à expliquer.
- Essaye.
- Ils sont là !
- Qui ? C'est qu'une coupure.
- Pas du tout. Ecoute-moi... Tu te souviens de nos peurs nocturnes ?
- Quand on était gosses ?
- Eh bien, ils sont revenus.
- Qui ?
- Tu vois ?
- Quoi ?
- Ecoute. Quand un bébé pleure, il faut s'enfuir. Les enfants les sentent. Ils nous préviennent.
- De quoi ?
- Ils se servent de l'électricité... Des lumières et des téléphones. Ils agissent sur tout.
- Ça suffit ! Tu délires. Dis-moi ce qui s'est passé.
- Je suis en train. Ils évitent la lumière et se cachent dans le noir. Je me suis renseigné, j'ai lu... et je ne suis pas seul. Edgar Poe a dû les voir aussi. Son écriture est sombre et désespérée. Lui aussi est devenu fou.
- Je ne comprends rien.
- Bien sûr que non !
Robert Harmon connut pour avoir réalisé The Hitcher et Cavale sans issue, présente avec Le Peuple des ténèbres un thriller psychologique horrifique mettant en avant des personnages se retrouvant hantés par leurs cauchemars d'enfances. Le scénario est signé Brendan william Hood et peaufiné par le producteur Tom Engelman, qui va s'inspirer d'une terreur nocturne arrivée à son fils de 6 ans, pour terminer l'écriture de celui-ci. Le long-métrage présente Julia une jeune femme qui fonde un lien entre les cauchemars d'enfant qui l'ont terrorisée, et le sentiment qu'elle a d'une présence démoniaque et périlleuse qui la traque avec ses amies.
L'intrigue pioche habilement dans la peur qui est masquée en nous depuis notre enfance, il évoque les petits éléments de la vie dont on pétoche : l'escalier sombre menant à l'étage, le placard entre ouvert de la chambre, une chose cachée sous le lit, un bruit étranger que l'on ne peut pas percevoir à l'oeil nu... des petites anxiétés qu'on a tous connu enfants et qui ont matérialisé notre propre image du croquemitaine. Des petites choses effrayantes qu'on pense avoir perdues en grandissant, et qui peuvent ressurgir des années après. Dans c'est optique ce film est une mise en garde de ces peurs qui peuvent remonter et vous achevez si vous n'y prenez pas garde. Même si comme tout le monde, nous avons au moins un cauchemar d'enfance qu'on n'arrive pas à oublier.
Le cinéaste est généreux en péripéties angoissantes que ce soit lors de la séquence d'ouverture, la poursuite dans le métro... Il sait quelle atmosphère créer pour tenir le spectateur en haleine, parvenant tout du long à entretenir le suspense. Les mouvements de caméra sont ingénieux, les éclairages en plongée et contre-plongée sont angoissants. La lumière transperce efficacement les ténèbres. On n'échappe pas à quelques jumpscare faciles, mais c'est avant tout l'atmosphère le moteur de l'angoisse. La musique d'Élia Cmiral est efficace, amenant un contraste inquiétant et grave à certaines séquences. Les décors sont austères et humides, favorisant l'ambiance inquiétante. Petit problème avec la photographie de René Ohashi qui manque de nuance. La fin alternative est vraiment excellente et surtout surprenante, changeant totalement la conception du récit. Je suppose que le réalisateur Robert Harmon a dû longuement hésiter entre les deux, tant cela change totalement la vision du film. L'une ou l'autre je valide !
Le choix du casting est excellent, j'aime beaucoup les personnages et la conception autour de ceux-ci, qui ne sont pas des stéréotypes. Laura Regan incarne Julia une jeune femme élégante, intelligente, sophistiquée, rationnelle, vouée à un grand avenir étudiant la psychologie, sûre d'elle, qui va se retrouver vulnérable à cause d'un élément tragique qui la va basculer dans la véritable folie. Une psychose par la perte du contact avec la réalité. On filme son point de vue. Paul (Marc Blucas) est le copain de Julia, c'est le gendre idéal, la voix de la raison, il apporte un regard sain et équilibré autour de la démence qui entoure les personnages.
Terry (Dagmara Dominczyk) est une femme qui enfant a également eu des crises de terreur nocturne déclenchées lorsqu'elle a vu sa soeur se noyer. C'est un personnage secondaire que j'aime beaucoup pour le relief dont il fait preuve. Pour exorciser ses démons elle nage et elle tente de gérer ses peurs en se tournant vers la spiritualité. Sam (Ethan Embry) l'artiste et Billy (Jon Abrahams) arrivent parfaitement à retranscrirent la véritable peur. Proche de la schizophrénie, le peu de temps qu'ils apparaissent à l'écran est très convaincant.
Les créatures du peuple des ténèbres sont sinistres, des démons qui infestent l'esprit des individus, se manifestant hors de l'imaginaire. Elles représentent ce qui hante notre esprit. Faisant pleurer les bébés à leur approche, pouvant influer sur les réseaux électriques, détestant la moindre lueur de lumière. Beaucoup d'éléments restent flous autour d'elles ce qui n'est pas plus mal, car chacun peut imaginer ces êtres comme il l'entend. Une chose est sûre, ces créatures représentent le pire cauchemar de chaque individu.
CONCLUSION :
Le Peuple des ténèbres de Robert Harmon est un film injustement mal aimé, pas du tout apprécié à sa juste valeur. Ce n'est clairement pas un teenage movie, bien au contraire le récit aime jouer de ces codes pour les dévier. C'est un thriller horrifique palpitant, offrant suspens et angoisse avec efficacité. Ajoutons un casting intéressant mettant en avant des personnages schizophrènes loin d'être des stéréotypes. Un film qui n'est pas parfait, mais qui ne mérite clairement pas qu'on lui crache dessus. Adoubé à l'époque par feu Wes Craven.
Après avoir créé le croquemitaine de la route avec John Ryder dans The Hitcher, Robert Harmon réalise le croquemitaine des cauchemars des enfants avec Le Peuple des ténèbres.
- On se demandait si...
- Quoi ?
- Si tu avais eu des cauchemars récemment.
- En fait, oui.
- Nous aussi. Depuis que Billy s'est tué, je me sens mal. Comme si j'étais épiée. J'ai 24 ans... et je traverse une pièce dans le noir comme si j'avais 5 ans.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Classement du meilleur au pire des films d'horreur dont j'ai fait une critique
Créée
le 30 avr. 2020
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16 commentaires
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Bonjour et bienvenue sur ma critique du peuple des ténèbres, un film du je sais pas pourquoi mais bon il doit bien y a voir une raison. Oui effectivement Harmon est un grand réalisateur ou du moins...
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