Fiction anthropomorphique.
On cherche à susciter l’empathie en humanisant des animaux. Évidemment il ne s’agit pas d’un documentaire ni d’une « docu-fiction » comme on dit quand on accepte de mettre un peu d’eau dans son vin. Non, ce film est une pure fiction avec tous ses codes. Un scénario, « tiré d’une histoire vraie », mais qui n’est pas une reconstitution, plutôt une interprétation romancée. Des comédiens (sans doute plusieurs pour un même rôle) filmés dans des décors ou devant des fonds verts. Un montage nerveux, bourré de champs / contrechamps, toujours à l’échelle des personnages principaux (pour l’empathie encore). Et une flopée d’effets spéciaux ! Principalement des montages et des incrustations pas toujours très bien camouflés. L’œil un petit peu aguerri observera notamment les différences d’éclairages et de teintes (mauvais étalonnage ?) qui trahissent l’assemblage de plusieurs scènes tournées dans des conditions différentes ou certains détourages à la hache. On ajoute, une comédienne –Cécile de France- qui essaye de jouer le texte de la voix off. Une musique omniprésente parodie d’Ennio Morricone pour les séquences Western avec la souris sauterelle, musique de série policière des 70’s pour les séquences urbaines des Ouistitis. Et des bruitages à la limite de la parodie : bruits de missiles pour les noisettes qui tombent au ralenti ; crissements de pneus pour les dérapages contrôlés des musaraignes éléphant, etc. Tout cela fait du Peuple Miniature une pure fiction, je pense, assumée comme telle.
Problème, le film, est présenté comme un documentaire ou une "docu-fiction". Soit, mais alors il faut nous dire où s’arrête l’un et/ou débute l’autre. Car il peut être pris comme tel. Pas par des adultes, ou alors très naïfs, mais par les enfants qui ne possèdent pas encore les codes de la fiction, utilisés pourtant dans l’outrance. L’autre problème du film, c’est qu’il n’est pas très bon si on le juge en tant que fiction. Les ressorts dramatiques sont un peu toujours les mêmes : manger ou être mangé ! D’autres aspects de la vie des personnages auraient pu être abordés : vie sociale, familiale ou sexuelle. Là on se concentre sur les scènes de survies, les plus palpitantes, mises en image à la façon d’un film d’action hollywoodien. On accentue la dramaturgie en semant quelques morts spectaculaires et on insiste sur des valeurs comme : « bravoure, solidarité et esprit de groupe ». Là s’arrête l’anthropomorphisme, car comme chacun sait, l’homme est, lui, lâche, égoïste et individualiste.