Reflet de cette époque-phare du cinéma qu'est le Nouvel Hollywood, Le Plongeon fait partie de ces films nécessitant absolument un deuxième visionnage. Le personnage de Ned nous appelle véritablement à nous pencher sur son caractère, sa psychologie, et le film entier repose là-dessus.


Sous ses airs nian-nian, avec un homme en slip de bain qui plonge ou court au ralenti, dans un monde où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil et où notre héros (qui n'en n'a que le physique) se satisfait à retrouver ses amis qui l'aiment, Le Plongeon cache durant une bonne partie du film ses véritables intentions, l'envers du décor. Plus on avance, et plus on se rend compte qu'il y a quelque chose qui cloche dans ce beau monde, quelque chose que l'on ne nous dit pas.


En effet, tout cela n'est qu'illusion, une illusion que Ned s'est créé lui-même, refusant de voir la vérité, refusant d'affronter les réalités de la vie. Cela impacte sur le comportement social du personnage, et c'est ce qui fait parfois se demander qui il est vraiment : au bout d'une heure de film où on le voit constamment, on a en fait l'impression de ne pas encore le connaître.


Ned est en fait complètement minable, il refuse d'accepter sa vie, et préfère se remémorer les instants passés, si bien qu'il termine le film en position fœtale, ici symbole d'impuissance/innocence. Chaque fois que la réalité le rattrape, Ned commence à avoir froid, commence à vraiment ressentir la dure réalité de la vie, avant de se renfermer dans son monde illusoire, son "pays imaginaire", comme le dit si bien Janice Rule, qui joue le rôle de son amante.


Les couleurs chatoyantes du début du film, trop peu naturelles, trahissent cet univers idéalisé, qui tend à penser que le film serait en fait une satire du rêve américain, fictif, utopique, mensonger. Tous les moyens sont mis en œuvre pour provoquer au fur et à mesure un pur sentiment de désillusion.


Il existe différentes strates de lectures de ce film, et c'est pour ça que je l'ai tant aimé. A vrai dire, le premier visionnage ne m'a pas du tout convaincu. Mais plus le temps passe, plus le film mûrit, et on finit par le voir d'un autre œil.

Monsieur_Cintre
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le 18 nov. 2018

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Monsieur_Cintre

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