La bête humaine
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Il y a des moments où l'on pense que l'on a fait pratiquement le tour de ce qui nous intéresse dans ce qui est considéré comme le meilleur et qu'on ne va pas plus pouvoir ressentir d'émotion aussi forte que ce qu'on a déjà éprouvé. Et tout d'un coup arrive un petit film quasiment inconnu qui va nous marquer de manière inattendue, et vous l'aurez compris, Hud en est un.
Il s'agit d'un drame familial assez minimaliste, pour synthétiser sans spoiler, où l'on voit évoluer 3 générations d'hommes de la même famille habitant sous le même toit, situation qui va permettre de développer tous les sujets intergénérationnels. Et c'est là d'où viendra sa force, arriver avec simplicité et subtilité à décrire en creux des notions universelles suscitant plusieurs pistes de lecture chez le spectateur, à travers le récit d'une histoire intime il est aussi celui de la perpétuation de schémas ancestraux.
On a tout d'abord le grand-père, témoignage d'un monde en déclin qui a des difficultés à admettre celui dans lequel il vit. Ensuite Hud, le fils désirant bousculer la hiérarchie familiale, symbole de transgression de la morale de la génération précédente, traînant un conflit paternel irrésolu. On notera que dans cette opposition le film sait habilement garder des non-dits sur l'avant évitant de trop faire pencher l'empathie d'un des deux côtés. Enfin on a l'adolescent, dont les hésitations dues à son âge le font balancer entre les deux, partagé entre l'enfant social respectueux d'une figure d'autorité et sa fascination pour Hud reflétant son fantasme de virilité, fantasme qui comme sa définition le sous-entend, n'est pas forcément une situation qu'il est prêt à assumer. Il n'est au passage pas surprenant d'apprendre que ce film est l'un des préférés de Jeff Nichols tant cette relation trouve un écho dans Mud. Pour compléter le tableau une bonne au caractère fort capable de répondre comme si elle sortait d'une screwball comedy inspirée.
Mais comme le titre le suggère, le centre de l'attention est Hud, hableur sans scrupules, tricheur, égocentrique, capable d'une violence verbale assassine, bref c'est un salaud. Oui mais un salaud sympathique, un séducteur dont le charme nous fait lui pardonner toutes ses errances. Déjà parce que dans son agressivité envers ses proches il sait s'arrêter à temps, une fois la limite atteinte.
Mais surtout parce que derrière cette apparence on y devine les faiblesses que traduit ce comportement au final plus destructeur pour lui-même que pour les autres.
Paul Newman, qui dans ce personnage retrouve plus ou moins le même rôle qu'il a joué toute sa carrière, y est ici d'une classe rare. Tout le casting est impeccable du reste.
Le tout est servi par un storytelling simple et logique typique d'un certain cinéma américain des années 60 ainsi que d'une manière de filmer sans fioritures qui se contente de plans et cadres bien choisis.
Hud est le prototype du film de second plan qui a su dérouler son récit avec élégance sans jamais appuyer le trait, faisant confiance à son spectateur pour comprendre toutes les nuances qu'il expose. C'est ce que j'appelle un film intelligent.
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Créée
le 18 févr. 2016
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7 j'aime
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