Le Poignard Volant
7.3
Le Poignard Volant

Film de Chu Yuan (1977)

Un chef d’oeuvre de Chu Yuan en toute subjectivité.

Une nouvelle adaptation du romancier Gu Long pour Chu Yuan qui reprend beaucoup des ingrédients de ses précédents classiques encore bien trop méconnus, "Le sabre infernal", "La guerre des clans", "Le complot des clans" et autre "Tigre de Jade". Attention, cette critique sent la subjectivité à plein nez puisque je suis totalement tombé sous le charme de ce wu xia débordant de personnages, de mystère et de pureté.


"Le poignard volant" aka "The sentimental Swordsman" est d’une part d’une beauté renversante dans chacun de ses plans, peut-être moins foisonnant et travaillé que "La guerre des clans" mais d’une pureté globale simplement magnifique. Plus encore, Chu Yuan propose, enfin, un voyage qui passe par de superbes extérieurs à la beauté nippone enchanteresse qui rappelle aussi immédiatement le grand King Hu. L’intrigue est moins tordue et plus simple que dans les autres adaptations de Gu Long mais le film y gagne en limpidité. Le mystère moins épais est contrebalancé par un nombre accru de personnages. Cela peut sembler une faiblesse mais je l’ai vécu comme une véritable force. Le scénario se porte successivement sur plusieurs mystères qui se résolvent et rebondissent de l’un à l’autre avec un enthousiasme aussi passionnant que les rebondissements enchevêtrés de "La guerre des clans". Le sac mystérieux tout d’abord, le "plum blossom bandit" (bandit à la fleur de prune) ensuite, le génial passage sur le mystère du "five poison kid", le traître du temple Shaolin, et enfin le recentrage vers le bandit que l’on devine avant la fin, c’est un fait, mais qui offre une scène finale toute en finesse aux dialogues sublimes.
De plus, Chu Yuan prend son temps, pour une fois, pour nous dorloter dans son ambiance fantastique sans aller trop vite (le début apaisant est assez frappant comparé aux rythmes de ses autres films), et pourtant l’action est très présente mais toujours ponctuée de beaux mots qui font le charisme général. Les personnages sont magnifiques. Même si la relation entre Ti Lung et Candy Yu est rapidement développée, que Ku Feng, lily Li ou Yueh Hua parlent moins que de coutume, ils n’en sont que plus grands par leur seuls visages pleins d’expressivité. L’intrigue et l’action se mêlent avec un bonheur intense toujours plus grand avec l’arrivée d’un nouveau personnage.


Les protagonistes sont beaucoup plus clairement campés sur leur position qu’à l’habitude ce qui ajoute encore à leur charisme. Ils sont tous monumentaux et les seconds couteaux particulièrement haut en couleurs.


L’ensemble est peut-être plus simple(iste) que les autres wu xia Chu Yuan de la même veine mais, comme un effet similaire avec le "Vengeance !" de Chang Cheh comparé à son "Justicier de Shanghai", "Sentimental swordsman" est d’une limpidité et d’une force brute à toute épreuve, agrémenté de magnifiques combats courts mais en parfaite fusion avec la pellicule. Beaucoup moins inventifs qu’un "Sabre infernal", ils sont plus réalistes, souvent filmés en suites de plans fixes très composés, sans trampoline et assez secondaires au final, mais toujours superbement chorégraphiés par Tang Chia, et sont autant de danses et de duels acrobatiques très peu accompagnés d’artifice pour une fois, qui se marient à la perfection avec les superbes décors fournis.


Un énorme plaisir que je conseille vivement. Peut-être mon Chu Yuan préféré avec "La guerre des clans". Un croisement entre "Le sabre infernal" et "Le tigre de Jade" qui serait réussi (pour le côté "techniques d’empoisonnement" cher au réalisateur et à Gu Long) avec une touche romantique indéniable.


Pure, simple (enfin, pour un Chu Yuan). Beau-ti-ful !


Assurément dans mon top 5 de la Shaw même si d’autres ne seront certainement pas de cet avis. ;p Ti Lung tout en subtilité m’a totalement bluffé. Originalité, il manie l’éventail avec une grande classe et ne dispose d’aucun sabre. Sa dernière réplique finale est aussi l’une de ses plus belles et a terminé de me terrasser.


Ce film est grand !


10/12/2004

drélium
8
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le 16 mai 2014

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drélium

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