L'Allemagne déleste
Il y a en fait deux films dans ce Pont des Espions, et le plus réussi des deux n'est pas celui auquel on pourrait penser. La première partie est, de fait, bien mieux qu'une simple mise en place...
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le 9 févr. 2016
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Le pont des espions est un excellent film et vu qu'on est en décembre, je peux le classer dans mon top de 2015. En général, je vais souvent voir les films de Spielberg avec bienveillance, que ce soit des films sérieux comme Lincoln ou des délires plus détendus comme Arrête-moi si tu peux, Le Terminal, Jaws, Jurassic Park. On pense que Spilberg ne fait que de l'entertainement masi en fait il a déjà une masse de films sérieux à son actif, La couleur pourpre, Amistad, Munich et j'en passe.
Le Pont des Espions est définitivement un film sérieux qui marque d'ailleurs les retrouvailles de Spilberg avec Tom Hanks. En gros, le topo, c'est que pendant la Guerre Froide en 1957, un espion soviétique est repéré à New-York et doit être jugé devant un tribunal. Les américains, soucieux de leur image, souhaitent que le procès se fasse dans les règles de l'art, comme dans toute bonne démocratie qui se respecte, à savoir assurer les droits de la défense, le contradictoire et par conséquent, on cherche à fournir à notre espion soviétique un bon avocat. Cet avocat, c'est Tom Hanks alias James Donovan (qui s'occupe d'assurances à la base). Et d'ailleurs, tous les protagonistes de ce film ont vraiment existé, le scénario étant inspiré de faits réels. Mais le film n'est pas que à propos de ce procès, en effet, on entre ensuite dans une véritable histoire d'espions teintée de diplomatie souterraine et c'es en ça que ce film est génial, ses deux parties se complètent et sont toutes deux excellentes. Car parallèlement à ce procès, il se passe d'autres choses qui vont conduire tous nos personnages vers ce fameux pont des espions. Je n'en dis pas davantage de peur de vous gâcher l'histoire.
C'est là qu'on peut voir une minuscule faiblesse au scénario, des personnages qui vont s'avérer importants son introduit un peu comme un cheveux sur la soupe, c'est un peu dommage mais rien de bien grave.
Spielberg est un génie, on l'a souvent dit mais tout de même, je ne me lasse pas de le répéter. Ses mouvements de caméra, les différents plans choisis, le dynamisme des scènes, la photographie, la musique, la direction des acteurs. Tout est au top. Ainsi, lorsqu'il filme simplement Donovan en train de dormir, de retour de son périple, on le voit à travers les yeux de sa femme qui l'admire comme chacun de nous, simple spectateur. Et cette manière de filmer cette femme est vraiment formidable, l'archétype de la femme au foyer américaine des années 1950 devient un personnage d'une beauté et d'une profondeur insoupçonnées. Une simple toile devient un objet à la portée symbolique très puissante. Il ne faut pas minimiser la réalisation de Spielberg, il y a au moins 5 minutes à la fin du film où les plans s’enchaînent, sans aucun dialogue, seulement avec de la musique et c'est d'une splendeur, c'est si poétique. Ainsi, un plan du métro de New York où Donovan regarde des enfants jouer et traverser un grillage fait écho à un plan du métro de Berlin où le même Donovan voyait des allemands de l'Est se faire descendre en essayant de passer à l'Ouest. Ce même Donovan passe de zéro à héro selon la perspective dans ce même métro au cours du film et cela amène quelques interrogations sur l'état de l'opinion publique, sur la passion qui l'emporte sur la raison car selon le spectateur, Donovan est héros du début à la fin. Que ce soit sur des débats purement juridiques sur ce que doivent être les droits de la défense, accordés à chaque être humain, qu'il soit espion soviétique ou non, mais son héroïsme repose également dans son refus du pragmatisme et de la réal politik dans sa manière de mener les négociations.
Le choix de Tom Hanks pour ce rôle de l'avocat Donovan est excellent, quand Tom Hanks nous la joue avocat, on atteint en général des hauteurs stratosphériques (blague inside si vous avez vu le film), ainsi, il nous aura déjà laissé un souvenir impérissable dans le géant Philadelphia, film au combien symbolique sur la défense des droits civiques. Il est clairement au même niveau ici, plus de 20 ans après, et c'est un réel plaisir de le retrouver dans un tel rôle.
Enfin, le matin de la sortie du film, on en a un peu parlé sur France Inter (du coup, quand je vois le logo de la radio avant le début du film, je suis moins étonné), un journaliste disait que Spielberg racontait cette hsitoire de manière naïve. Je réfute cela totalement, ce film n'est ni naïf, ni mièvre, ni manichéen. Il critique aussi bien l'URSS et le système communiste que l'hypocrisie américaine qui bafoue allègrement son droit selon son bon vouloir. Bien entendu, les interrogatoires à la russe sont un peu plus musclés que ceux des américains (enfin à cette époque) mais la CIA n'est pas exempte de tout reproche. Au final, les torts sont vraiment partagé. Mais dans ce film, rien ne peut atteindre le héros qui est un homme debout, quoi qu'il advienne, il ne transige pas sur ses principes, contrairement à ces deux puissances qui se font face.
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Créée
le 8 déc. 2015
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