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En 1937 sort le roman To Have and Have Not, par Ernest Hemingway.
En 1942 sort le film Casablanca, de Michael Curtiz avec Humphrey Bogart en premier rôle.
En 1944 sort le film To Have and Have Not avec Humphrey Bogart en premier rôle, que Howard Hawks a réalisé suite à un pari avec Hemingway selon lequel il serait capable d’adapter son pire roman et d’en tirer quelque chose de bien. Un film qui, bien que tiré d’un roman qui précède le chef d'œuvre de Curtiz, succède à ce dernier, et lui ressemble quand même beaucoup. Outre la star en tête d’affiche, c’est tout le scénario et le contexte qui sont repris. On remplace Casablanca par Fort-de-France et Bergman par Bacall, et on est vite en terrain connu. Certes, le tempérament des deux personnages féminins diffère beaucoup, et le triangle amoureux est plus diffus chez Hawks, mais les similitudes sont indéniables, et préjudiciables au film. Il souffre d’une comparaison pourtant inévitable, jusque dans le choix des morceaux musicaux (n’est pas Dooley Wilson qui veut).
Mais essayons de passer outre ce statut de quasi-remake (comme on essaiera sur le Havana de Pollack), et attardons nous sur ce qui fonctionne. On remarquera par exemple l’alchimie du couple star, à l’écran comme à la ville (une liaison qui démarre sur le tournage et finira en mariage lors de leurs retrouvailles sur The Big Sleep deux ans plus tard) et le côté femme fatale de Bacall. Hawks aimait prêter des attributs masculins à ses personnages féminins (cf Rio Bravo par exemple), et ici c’est Slim qui bénéficiera de ce traitement. De même, les répliques bien senties s’enchaînent (“You know how to whistle, don't you, Steve? You just put your lips together - and blow.”), et l’ivrogne joué par Walter Brennan à un énorme capital sympathie. Mais à côté de ce trio, tous les autres personnages semblent bien fades.
To Have and Have Not (on ne remercie pas la traduction française générique à souhait : Le Port de l’Angoisse) est plutôt sympathique, mais sent la redite d’une œuvre bien plus poignante dont il peine à se démarquer. Plutôt bon, mais pas magistral. C’est déjà pas mal.
Bonus:
The Love Story - 10 minutes:
Petit documentaire qui se concentre sur la relation bourgeonnante de Bogart et Bacall. Ca fait un peu tabloïd, mais puisqu’on y retrouve quelques anecdotes de tournage, et que ça resitue également une époque, on ne va pas cracher dans la soupe.
Bacall to Arms - 6 minutes
Un cartoon Merry Melodies qui montre une salle de cinéma regardant le film, et dans laquelle se trouve le fameux loup queutard devenu problématique avec l’évolution des mœurs, qui s’excite devant l’apparition de Bacall à l’écran. Problématique également ce black face, doublé d’un accent noir, lorsque Bogart se fait péter sa clope au visage. Une oeuvre qui a pris un sacré coup de vieux du point de vue de qu’il représente, mais qui fait néanmoins montre d’une maîtrise totale du slapstick et de l’animation.