Doublement censuré
Première adaptation du roman de Shunsaku Iwashita, qui en compte 4 à ce jour (2022). Tourné durant la guerre pour la Daiei, le film va malheureusement subir les affres de la censure japonaise. Le...
le 4 déc. 2022
2 j'aime
En 1943, Hiroshi Inagaki a déjà 60 longs-métrages à son actif et une remarquable filmographie dans le cinéma historique (jidai-geki) où il n'a d'égal que Daisuke Itō, le pionnier du genre, et le grand Kenji Mizoguchi. Cette première adaptation à l'écran du roman (1941) de Shunsaku Iwashita -- il y en a quatre à ce jour dont un remake d'Inagaki (1958), une version de Shinji Murayama et Daisuke Itō (1963) et une de Kenji Misumi (1965) -- sera un grand succès au cinéma et l'on peut aisément comprendre pourquoi, même en visionnant ce film 80 ans après sa sortie.
Servi par l'un des plus grands acteurs de son temps, Tsumasaburō Bandō, et une actrice de théâtre musical reconnue (la fameuse Revue Takarazuka), Keiko Sonoi dont ce sera le seul rôle au cinéma, le film bénéficie d'une réalisation remarquable grâce à sa photographie sublime (signée Kazuo Miyagawa), ses effets de montage novateurs et sa bande-son absolument à point. Il ne serait pas inapproprié de dire que le film est complètement en avance sur son temps.
Cette histoire d'un conducteur de pousse-pousse illettré qui endossera le rôle de père de substitution pour un jeune garçon de bonne famille se situe au début du XXe siècle, ce qui devait permettre à Inagaki de traiter des thèmes sensibles tout en s'affranchissant de la propagande militariste en vigueur et de la censure. Le film sera malgré tout coupé deux fois, la première par les militaires japonais qui ne peuvent tolérer la romance autour de la veuve d'un soldat, la seconde par l'occupant américain après la guerre qui retire une scène de célébration de la victoire japonaise sur les Russes (1905), dix-huit minutes perdues à jamais qui conduiront Inagaki à réaliser un remake avec Toshirō Mifune dans le rôle principal.
Parlons maintenant du destin tragique de Keiko Sonoi qui interprète la mère du garçon et dont il s'agit du seul rôle au cinéma. Le 5 août 1945, elle doit rejoindre contre sa volonté sa troupe de théâtre à Hiroshima, une ville où elle ne souhaitait pas se rendre car elle devait rejoindre Tokyo pour signer un contrat avec les studios de la Toho. Le 6 août 1945, alors qu'elle célèbre ce jour son trente-deuxième anniversaire, elle se trouve à proximité de l'explosion de la bombe atomique dont elle décédera des radiations quinze jours plus tard.
Si l'on accepte quelques éléments du jeu d'acteur assez datés aujourd'hui et que l'on déplore les séquences retirées par la censure, on est vraiment face à un chef d'œuvre du cinéma des années quarante.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films japonais
Créée
le 24 juin 2023
Critique lue 25 fois
2 j'aime
D'autres avis sur Le Pousse-Pousse
Première adaptation du roman de Shunsaku Iwashita, qui en compte 4 à ce jour (2022). Tourné durant la guerre pour la Daiei, le film va malheureusement subir les affres de la censure japonaise. Le...
le 4 déc. 2022
2 j'aime
Au début du XXe siècle, un conducteur de pousse-pousse de condition modeste va aider un garçon blessé qui se trouvait sur sa route. En le ramenant à sa famille, il va se prendre d'affection pour eux,...
Par
le 30 oct. 2022
1 j'aime
Avec la photographie au formalisme soviétique signée K.Miyagawa, Inagaki signe ici sa 1ère version du "Pousse-pousse". Sorte de Capra à la japonaise, cette ode aux rapprochements de classe et à...
le 10 avr. 2022
Du même critique
Oda Nobunaga (1534-1582) est une figure centrale de l'histoire du Japon, le premier au cours de la période mouvementée du XVIe siècle à entreprendre l'unification du pays et s'emparer de la capitale,...
Par
le 25 févr. 2024
3 j'aime
8
89 critiques avant la mienne, toutes unanimement élogieuses quand elles ne sont pas carrément dithyrambiques -- 10/10 non faut pas déconner ! M'étant laissé guider par les bonnes notes recueillies...
Par
le 12 août 2023
3 j'aime
Voulu à l'origine comme un nouvel épisode de la série Nouveau combat sans code d'honneur, Fukasaku et Kōji Takada (l'auteur de trois des huit volets de la série) devront revoir leur scénario après...
Par
le 14 mai 2023
3 j'aime
6