Je n'ai que commencé le livre du même titre et de la même auteur et rien que dans les premiers chapitres, on en apprend plus sur Howell que dans tout le film. Mal monté, sans rythme, enchaînant les témoignages de veillard(e)s séniles sans grand intérêt, le documentaire d'Hélène Lee est un raté total.
Des principes du rastafarisme, on n'apprend rien. De l'histoire de l'île, pas beaucoup plus. Du Gong lui-même, on n'aura qu'un portrait plein de vides qui sont autant dus à la difficulté de trouver des archive sur Howell qu'aux mauvais choix de Lee. Parfois, on se demande même si l'auteur ne fait pas preuve de cynisme, quand on entend des témoignages sur la consommation de ganja ou sur l'espèce de droit de cuissage du premier prophète de Sellasié au Pinacle.
Heureusement, on a quelques éléments pour appréhender l'aspect révolutionnaire du rastafarisme dans une Jamaïque encore sous le joug britannique et le rôle de la culture indienne dans le développement de la spiritualité et de l'esthétique rasta. En revanche, le terme "nyabinghi" n'est jamais cité (terme africain signifiant "mort à l'oppresseur blanc", il sert notamment à nommer les tambours utilisés par les groundations - autre terme jamais utilisé - les rassemblements rasta) alors même qu'ils constituent la colonne vertébrale. Dommage et incompréhensible, tant ils sont importants : seul héritage directement conservé des origines africaines des Jamaïcains (toute pratique du pays d'origine étant fermement réprimés par les colons anglais), il reprend le rythme cardiaque et a donné naissance au reggae.
En tant que tel, la version vidéo du "Premier Rasta" est sans intérêt. Rencontrer Max Romeo et qu'il chante "War Ina Babylon" et "I Chase The Devil" a du être un moment très émouvant pour Hélène Lee mais l'échange avec la légende du reggae n'apporte rien à son portrait d'Howell. Elle préfère passer 1h30 à chercher tous les survivants ayant connu le Gong, quitte à ce qu'ils n'aient rien d'intéressant à dire, au moins, elle a leur témoignage. Je veux bien que les archives soient pauvrissimes mais elle a quand même réussi à écrire un livre de plus de 300 pages et je refuse de croire qu'elle n'y raconte rien de plus.
A oublier très vite.