Pennsylvanie en 1759, quelques années avant que Mel Gibson ne donne aux États-Unis leur indépendance. James Smith est un aventurier local très soucieux du sort de sa petite vallée du Sud-Ouest de l’État. Absent depuis plus de trois ans après avoir été capturé par des indiens et s'être engagé malgré lui dans le conflit qui mettait aux prises les Anglais et les Français pour le contrôle du Québec, il revient dans sa terre natale avec la ferme intention de partager quelques moment de paix avec ses compagnons d'infortunes dont son futur beau-père (par usure). Mais les dès en ont décidé autrement et rappellent le trappeur en quête de sérénité à ses devoirs : un horde d'indiens sanguinaires s'est depuis adjugée le contrôle de la région et répand la terreur et la mort sur son passage. Zigouiller des indiens ne lui pose plus de problème que ça. Non, ce qu'il le dérange en revanche c'est la provenance des armes qu'ils brandissent contre sa petite communauté. De beaux tomahawks et de beaux mousquets flambants neufs frappés du saut britannique. Pas celui du Roi, mais celui de riches côlons faisant fortune dans la vente d'alcool et d'armes aux indiens de la région dans le dos de l'armée. Afin d'éviter toute insurrection sauvage et le bain de sang qui en découlerait, James, accompagnés de sa fidèle suite, s'en va en ville réclamer à la justice un amendement interdisant tout commerce avec les indigènes. La chose est acquise naturellement mais ne plaît que moyennement aux pourvoyeurs qui voient là une entrave fâcheuse à leurs profits. Qu'à cela ne tienne. Ni une ni deux, voilà la gnôle et les mousquets camouflés et maquillés comme du matériel militaire. La marchandise est indétectable, pense-t-il, mais surtout impossible à détourner par James et sa bande car convoyée par les tuniques rouges, commandées par l'inflexible capitaine Swanson, qu'ils sont eux-mêmes aller quérir. Futé. Le pot aux roses découvert, s'ensuivra une longue lutte visant à stopper le commerce et confondre ses commanditaires.
La RKO, pour laquelle c'est le premier de film de John Wayne, réunit le couple qui avait le succès de United Artist dans le Stagecoach de Ford. Malheureusement la complicité des deux comédiens est loin d'être aussi évidente et le scénario ô combien plus bâclé. Un meilleur traitement des enjeux politico-diplomatico-économiques n'aurait pas été de trop par exemple, tout comme l'écriture des personnages beaucoup trop caricaturale pour être crédible (John Wayne le pragmatique, Sanders le militaire tête à claque et con comme une enclume, ou encore Wilfrid Lawson en daron raciste jusqu'au bout des ongles). Reste toutefois des scènes d'action détonantes comme notamment le siège d'une garnison, une embuscade sylvestre et plusieurs charges de côlons travestis en indien. C'est dommage car il y avait là matière à un bon film (inspiré d'une histoire vraie : la Black Boys Rebellion) et tout le talent nécessaire à chaque poste. A voir pour les aficionados de Wayne (bien qu'on l'ait connu plus impliqué, de l'aveu même du Duke), Trevor (à la limite) et l'ambiance particulière des colonies britanniques du Nouveau Monde (il y a indubitablement du Gustave Aimard et du Fenimore Cooper dans le film).