"Je vous reproche simplement de vous être fait élire sur une liste de gauche et de ne soutenir à l'Assemblée que des projets d'inspiration patronale." A cet instant, lors de la plus mémorable scène du film où Jean Gabin (grandiose) défend ses intérêts à l'assemblée face à une horde de députés déchaînés de l'opposition , on se rend compte que Le Président a plus de cinquante ans d'avance dans ses tirades de bons mots concoctées par Michel Audiard (au delà de sa verve cinglante se trouve pour une fois dans un film auquel il a participé un vrai propos sur la société politique). Verneuil a compris le théâtre de la politique française, s'en amuse, la critique parfois, sur le fond le film est vraiment passionnant. Socialistes reprenant des lois économiques de l'ancien gouvernement qu'ils ont pourtant fustigé durant de nombreuses années, chantage... Vraiment, on croirait voir le paysage politique français tel qu'il l'est aujourd'hui. Il est juste un peu dommage tout de même que la forme n'arrive guère à suivre le brio du propos visionnaire, qui, bien que plus que correcte et maîtrisée, ne s'échappe jamais d'un certain académisme - le cinéaste n'en est pas encore au génie de I comme Icare. La critique n'est pas des plus tranchante, mais elle offre à son personnage principal une certaine grâce testamentaire : après une dernière confrontation politique avec un adversaire de longue date et un hommage funèbre, le président sortant sort de sa résidence close, supprime ses pièces de chantage, et s'offre une sorte de rédemption en attendant une mort certaine et une éternité paisible.