"Le Président" nous emmène dans la campagne française découvrir Émile Beaufort (pas besoin d'onomastique pour comprendre les qualités de ce personnage), ancien Président (du Conseil, l'équivalent du Premier Ministre sous la IIIème et IVème République) qui écrit ses Mémoires.
Personnage Capra-iesque par excellence, pétri de convictions et de sens moral, ce Président joué par un Jean Gabin aussi bourru qu'impressionnant revisite les grands hommes d'État français (on pense à best-of de Clemenceau, De Gaulle, Jaurès...) et critique férocement le monde politique.
A l'instar de la scène à l'Assemblée Nationale, véritable moment de
bravoure du film, où Beaufort dénonce les conflits d'intérêts qui parasitent le débat sur l'ouverture de la France à l'Europe (et qui reste d'une étonnante actualité).
L'idéalisme de Beaufort se définit aussi évidemment par son opposition à l'arriviste Chaumont, joué par un Bernard Blier froid et calculateur. Directeur du cabinet de Beaufort, puis député et candidat à la présidence du Conseil, il personnifie les travers de la politique française : conflits d'intérêt, égoïsme, absence de conviction profonde et soif de pouvoir(s)....
Beaufort, lui, préférera toujours l'ambition au défaitisme, l'intransigeance à la compromission, le travail au capital, l'intérêt national à l'intérêt particulier.
Si le film d'Henri Verneuil revisite le roman éponyme de Georges Simenon, il laisse toutefois à Michel Audiard le soin de donner aux dialogues une éloquence et un tranchant qui donne du rythme à une réalisation un peu molle.
Un bon film dont la satire reste pertinente encore aujourd'hui.