Le réalisateur illusionniste, un cliché vieux comme Méliès ? Oui et non. Libre à vous de pousser l'analogie, mais pas sûr que Nolan ait vraiment réfléchi le truc. Le spectacle supplante l'analyse.
Le prestige, histoire d'une rivalité entre deux prestidigitateurs, poussée jusqu'à l'impossible, aurait pu (dû ?) être un excellent film. Malheureusement, le film "à twist final", presque un genre en soit, bien maîtrisé par Nolan, exige un scénario impeccable du début à la fin. Si la réalisation est parfaite, je regrette une fin peut-être trop convenue... On peut considérer que cette fin convenue est présente pour nous dire "vous voyez, vous êtes déçus maintenant que vous connaissez le truc." Dans cette perspective, le prestige pourrait être considéré comme un excellent film. Mais les choses ne sont pas aussi simples et les retournements finaux, pour fonctionner, doivent quoi qu'il en soit prendre le spectateur au dépourvu, pas donner l'impression d'un soufflet qui retombe...
Difficile d'en dire plus sans dévoiler l'intrigue. Si vous avez vu le film, la suite dans la balise spoiler en fin de critique.
Le chef décorateur a effectué un énorme travail de reconstitution des théâtre du XIXe, en utilisant de vieux cinémas de Los Angeles. Globalement, la retranscription de l'atmosphère victorienne fonctionne à fond. Les graphistes se sont fait plaisir en recréant des anciennes affiches. Cette plongée dans le temps constitue le principal trucage du film, on en redemande.
Les rapports humains étant au cœur du film, la distribution revêt une importance capitale et je n'ai pas été déçu : Jackman et Bale donnent beaucoup, avec une petite mention spéciale pour Jackman, qui doit jouer deux personnages parfaitement semblables physiquement et différents dans leur comportement. Il y réussit parfaitement, prouve son talent de composition, et on ne confond jamais les deux hommes.
Les autres personnages du film ont des attitudes de spectateurs, et doivent souvent compter les points entres les deux magiciens. Mickael Caine et Scarlett Johansson récitent leur partition sans problèmes, même si les personnages (le sage référent, la jolie assistante et plus si affinité) ne diffèrent guère du commun de leurs rôles. On peut noter l'apparition de David Bowie dans un second rôle savoureux.
LA FIN, RACONTÉE POUR BRILLER EN SOCIÉTÉ / EMMERDER VOTRE VOISIN / S'EN SOUVENIR :
Premier "rebondissement" du film (bon, on l'a vu venir à des lieues à la ronde avec le flingue mis de côté par Jackman) : la machine de Tesla fabrique des "doubles" des objets et des personnes, qu'il faut ensuite faire disparaitre. Donc on comprend très vite que Jackman a sacrifié une centaine de ses doubles... Et j'ai supposé que Bâle "s'évaderait" de la même façon, en créant un double qui serait pendu à sa place.
PERDU : au lieu de ça, Nolan nous sort le coup du jumeau, un truc tout moisi qui n'a rétrospectivement aucune crédibilité. Certes, la femme de Bale l'a bien trouvé un peu différent certains jours, mais c'est si téléphoné et peu crédible...
Donc, Jackman est tué par l'un des deux Bale, enfin celui qui reste. Tout ça pour une histoire de nœuds...
Du coup, le potentiel de re-visionnage, en général énorme pour un film à twist, prend un sacré coup dans l'aile à cause de cette fin un peu moisie.