Un homme court dans une ruelle, il a peur, il est poursuivi par plusieurs personnes armées. Il semble aux abois, il court toujours et finit par aboutir sur la berge d'un fleuve. Il se jette à l'eau mais la fatigue et la panique l'empêchent de nager, il commence à se noyer. C'est alors qu'une barque arrive à sa hauteur, l'homme s'y accroche mais les occupants le frappent à coup de rame, jusqu'à ce que mort s'en suive. Autour, sur les berges, des gens regardent et certains se réjouissent du spectacle.
Ce sont les premières images, choquantes, du Prix du danger. Un film centré sur une émission de télé-réalité dans laquelle un homme, poursuivit par 5 chasseurs, doit rejoindre un endroit secret en essayant de ne pas se faire tuer. S'il y arrive il touche la rondelette somme de 1 millions de $.


Un pitch qui vous rappellera sans doute Running Man, le livre de Stephen King paru 1 an avant et l'adaptation éponyme au cinéma avec Arnold Schwarzenegger sortie 4 ans plus tard. Sachez qu'en fait le film est l'adaptation d'une nouvelle de Robert Sheckley parue en 1958. La proximité des différentes histoires entraina une plainte pour plagiat de la part de l'équipe du Prix du danger. Ils eurent gain de cause lors de leur procès en cassation et furent indemnisés malgré la mauvaise foi de producteur de Running man.


Revenons au film qui pointe déjà les dérives d'une télévision prête à tout pour du sensationnel et de l'audimat. On retrouve le génial Michel Piccoli en présentateur cynique et complaisant qui n'hésite pas à arranger les foules lors des affrontements ou a diffuser des spots publicitaires pour l'UNICEF en appelant à la dignité de chacun pour faire des dons. A ses côté Marie-France Pisier n'est pas en reste en productrice truquant les rebondissements de son jeu en fonction de la courbe d'audimat et des retours des spectateurs.


En face on à un Gérard Lanvin très bon en candidat impulsif et chouchou du public, qui se révolte contre le jeu et ses magouilles. Un grain d'anarchie coincé dans les rouages d'une télévision inhumaine et destructrice.
Le film s'attaque autant à l'absence de morale de la chaîne de télévision qu'au voyeurisme des spectateurs qui cautionnent ce spectacle sanglant et tronqué.
Peinture amère d'une société où les seuls moteurs sont le spectacle et l'argent, le film trouve une résonance toute particulière à notre époque où les chaînes de télé s'enfoncent de plus en plus dans la fange pour se démarquer dans la jungle de la télé-réalité-poubelle.


Le prix du danger est donc un thriller d'anticipation très efficace et qui se permet de nous asticoter dans notre position de spectateur-voyeur avec un certain talent. Bien plus profond et bien moins kitsch que Running Man (Vous ne verrez pas Gérard Lanvin porter une poutre d'acier sur son épaule par exemple) ce film mérite d'être redécouvert.

Vnr-Herzog
9
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le 14 mai 2010

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