Running man
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"Le prix du danger" est tout à fait représentatif du cinéma d'Yves Boisset : courageux, rentre-dedans, sans concession, pertinent dans sa charge sociétale, mais aussi foutraque, bourrin et sans grande ambition formelle.
Adaptant une nouvelle de l'écrivain américain Robert Sheckley, Boisset anticipe dès 1983 les évolutions à venir de la télévision dans les trois décennies suivantes. Si son émission fictive - qui donne son titre au film - va certes beaucoup plus loin que la réalité, ses mécanismes et son déroulement apparaissent assez proches de certains programmes contemporains (de "Koh Lanta" à "Big Brother").
De même, l'équipe de dirigeants de la boîte de production n'est pas sans rappeler ces géants de l'audiovisuel tels que Endemol, ou ces patrons de chaîne désireux de fournir "du temps de cerveau disponible à Coca-Cola", d'autant que Boisset a l'intelligence de ne pas forcer le trait exagérément, laissant apparaître quelque doute sinon quelque scrupule dans l'attitude de certains.
Dommage que ce sens de la mesure bienvenu ne s'applique pas davantage à l'émission elle-même, à ses participants ainsi qu'à son public, la satire n'en eût été que plus pertinente.
Boisset préfère le pamphlet pur et dur, décrivant des candidats et des téléspectateurs assoiffés de sang et dénués de tout état d'âme...
Le présentateur du show souffre également de ce traitement manichéen, à l'instar du cabotinage caricatural de Michel Piccoli - qui parvient toutefois à composer un pantin savoureux.
Puisqu'on évoque le casting, les prestations des uns et des autres sont conformes à la dichotomie évoquée précédemment : si Bruno Cremer, Marie-France Pisier et Andréa Ferréol apparaissent convaincants, les seconds rôles nettement moins (à l'image de Jean-Claude Dreyfus), la faute à une caractérisation outrancière.
Quant au héros campé par Gérard Lanvin (qui remplace au pied levé Patrick Dewaere, suicidé peu avant le tournage), il manque un peu d'épaisseur et de caractérisation.
Cela dit, malgré ces divers manquements, je ne boude pas mon plaisir : ce pavé dans la mare de la société du spectacle ne pouvait que me réjouir, et rappelle à quel point le cinéma français manque à l'heure actuelle de mecs comme Yves Boisset, capable d'attirer du public en salle avec des thèmes aussi provocateurs et des idées à ce point "subversives".
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le 30 déc. 2018
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