48h de gloire journalistique

Film vu pendant le cycle "Journalistes" d'OCS, traitant de façon tout à fait correcte le thème de la protection des sources journalistiques au sujet d'informations sur la sécurité nationale. Un film qui manque parfois un poil de nuance, mais finalement assez efficace dans la mise en scène d'écrasantes machines institutionnelles qui confondent le droit, la légitimité et le pouvoir dans la société américaine post-11 septembre du Patriot Act. A voir en particulier pour la réalisation avec des plans où la caméra décroche littéralement, se détourne, pendant des moments de vérité fugitifs (réaction, regard au moment d'une déclaration qui pourrait tout faire basculer, acte brisant une tension).

La chute du film est d'ailleurs assez bien trouvée (quelle était la source de la journaliste). On retiendra aussi le constat choc de l'avocat du personnage principal : un homme aussi droit et aimé qui meurt devrait en principe avoir plein de gens à son enterrement, en réalité, le nombre de personnes assistant à ses funérailles dépendra souvent... de la météo. Et la météo a changé : c'est la fin de la mission, de la responsabilité journalistique, de l'investigation, la fin du Watergate et l'ère des Bradley Manning et des Media Part. Le temps des sources livrées à elles-mêmes, condamnées avec l'aval des tribunaux "spéciaux", parfois des médias et pire celui des populations, le temps des journalistes d'investigation villipendés et ostracisés dans l'indifférence générale. En somme l'ère des "journalistes" à la Molly Meyers (personnage qui interviewe la journaliste dans le film) : des commentateurs de l'actualité, dispenseurs d'audience, jouant sur les bons mots ou l'affect, dotés d'une carte de presse mais qui ne demanderont jamais de compte, qui ne seront jamais emmerdés et qui se revendiquent d'une mission qu'ils n'endosseront jamais.