Absurde et cauchemardesque , "The Trial" basé sur le roman de Frantz Kafka raconte le parcours d'un citoyen victime d'une société bureaucratique totalitaire. Et on peut aussi faire le parallèle à "la maison des fous" du long métrage animé des "Douze Travaux d'Astérix" . Ce fameux laisser passer A38 qu'Astérix doit obtenir tout en se dirigeant à l'accueil . Une simple formalité admirative qui s'avéra une "galère" pour nos deux compagnons qui ont failli devenir fou . Mais contrairement à ce citoyen victimaire , Astérix retournera la situation en se battant avec leurs propres armes . "Le Procès" est le seul film, avec "Citizen Kane", que Welles ait pu maîtriser de sa conception au montage final. Mais aussi , le plus personnel (selon lui) en résonnance avec sa vie intime : "Je voulais peindre un cauchemar très actuel, un film sur la police, la bureaucratie, la puissance totalitaire de l’Appareil, l’oppression de l’individu dans la société moderne." . En 1957 , il préféra s'intéresser aux abus commises de la police et de l'État plutôt qu'à ceux de l'argent car d'après ses dires " l’Étatest plus puissant que l’argent." . Le roman de Kafka et les échos les plus proches de ces angoisses sociales et politiques, mais également la retranscription la plus précise d’un thème obséda Welles, celui de la culpabilité . De Charles Foster ( Citizen Kane) en passant par Michael O'Hara ( The Lady from Shanghai) , Welles considère qu'Il est difficile d’être un homme libre, même quand on est innocent , l'innocence éclate, mais, innocent ou coupable, cela ne veut rien dire . Les personnages et les films de Welles sont des empreints de cette notion de culpabilité : "S’il m’a été possible de faire ce film, c’est parce que j’ai fait des rêves récurrents de culpabilité toute ma vie : je suis en prison, je ne sais pas pourquoi. C’est quelque chose qui me touche de près." . Ce sont deux producteurs les frères Salkind qui propose à Welles (et qui avait une folle envie de faire tourner Welles) de choisir un titre parmi une centaine de romans à adapter (pourvu que le scenario ne soit pas trop original pour eux) Quand celui-ci voit que "Le Procès" fait partie de cette liste, et que les Salkind semblent sincères dans leur désir de lui donner carte blanche, il trouve le matériau idéal pour poursuivre son exploration de la culpabilité et de réaliser enfin l’œuvre critique dont il rêve . Welles adapte scrupuleusement le roman de Kafka, retranscrivant à l’identique nombre de ses détails, mais dans un même mouvement se le réapproprie. L'adaptation n'est plus littéral mais l'interprétation est une possibilité du au roman . l’ironie et la culpabilité sont au centre du film de Welles et en même temps il introduit directement des thèmes directement hérités des drames du XXème sous forme d’images fugitives , une lecture moderne du récit de Kafka sans toutefois la dériver ( des images de l’Holocauste , la tyrannie communiste et de la folie de McCarthy , apparition d’un champignon atomique ...) . Malgré ces quelques infidélités ou ces légères digressions au roman d’origine , Welles fait quand même preuve d’une grande fidélité à l’essence même du roman de Kafka . On a pas parlé des comédiens (Moreau , Schneider ...) . Surtout l'interprétation d'Anthony Perkins dans le rôle de ce citoyen victimaire bafouillant, bégayant, fait des lapsus, faisant "étrangement écho" voire à "contrario" du personnage qu'il incarna deux ans plus tôt au film d'Hitchcock "Psychose" . Quant à la BO , elle est purement dans un registre jazz (voulu par son metteur scène) composé par Jean Ledrut , très éloigné des habitudes de Welles (et qui démarre dés la plage "04" avec les interprètes de Martial Solal, Darryl Hall et Aldo , et qui ne voulait pas de ce compositeur imposé en revanche par frères Salkind https://www.senscritique.com/album/Le_Proces_Bande_Originale/8883201 . Film souvent malmené, peu apprécié, "Le Procès" est une œuvre ou Welles se parodie lui-même tout en se livrant d'un simple exercice de style . Attention, ma note peut être approximatif et peut évoluer (9 ou 10) .