Les entrailles du monstre
Outre sa narration, sa bande-sonore, sa symbolique, ses interprétations, explications et ses innombrables autres qualités déjà ressassées par les exégètes, le film est une perle de réalisation, d'esthétique et d'utilisation mémorable des décors.
Dans chaque plan les décors de la gare d'Orsay viennent en effet servir la psyché de K. Ils délivrent un jeu infini sur les divisions, les ruptures, les échelles, les contrastes, les rayures, les mises en abîme ; souvent s'enchevêtrent le marbre austère, le métal acéré et le bois biscornu et les cadres deviennent carcans poussiéreux.
Les décors misent également sur l'apathique répétition de bureaux, d'étagères, de poutres et de fenêtres ainsi que sur l'étouffant entassement et accumulation de dossiers, de livres, de bibelots, de paperasse à mesure que K se désagrège et se disloque.
Cette toile de fond purement kafkaïenne s'élève ainsi au rang de véritable personnage : le palais de justice, la ville entière, semble n'être que les entrailles inextricables et gigantesques d'un monstre dans lesquelles K a été happé, mâché et digéré.
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