Le Procès du siècle par LuluCiné

Nier la Shoa a quelque chose de blasphématoire tant les preuves se sont accumulées au fil du temps ; cependant Le Procès du Siècle semblait ouvrir une voix à ceux qui réfutent toute persécution juive en ne se basant que sur des faits rien que des faits.
Il semble bien que le film se pose entre deux rivaux ; très manichéiste sur la forme tant il oppose le bien et le mal. C'est d'ailleurs parfois irritant de voir les personnages se cantonner à ce qu'ils représentent. Pour autant, Deborah Lipstadt n'est pas lisse, à la limite de l'hystérie, elle se refuse à tout débat froissant d'emblée un spectateur qui en attendait plus.
C'est au final la machine de la justice anglaise qui s'avère le point le plus intéressant du film, voir ainsi les rouages de faits et non d'émotions. Lipstadt se voit donc opposée aussi à ses avocats, preuve que la justice ne doit pas faire dans le sentimental.
Pour ce qui est des preuves et de la soit-disant morale, je ne suis pas sure qu'on est eu matière à rendre le procès palpitant. Si ce n'est d'écarter toute trajectoire tendancieuse que pourrait faire valoir les négationnistes. Il est important de rétablir une certaine vérité mais au final le film montre aussi que la liberté d'expression a ses limites. Et que quoi qu'on en dise donner du crédit aux théories du complot ne fait qu'alimenter un débat qui n'a pas lieu d'être quand la partie adverse se plaît à la critique non constructive.
La neutralité aurait pu donner au film un autre ton même si l'on sent qu'il aurait été difficile de le porter à l'écran. Les gentils faces aux méchants restent trop présents pour insuffler un rythme percutant.