Il changeait l'avis....

En 1976 a lieu le second procès de Pierre Goldman , militant d'extrême gauche soupçonné d'avoir tué deux pharmaciennes lors d'un braquage qui aurait mal tourné. L'affaire fait grand bruit et mobilise de nombreuses personnalités...
En grand fan de Jean-Jacques Goldman, c'est avec une certaine impatience que j'attendais ce film pour connaitre un peu l'histoire de son demi-frère puisqu'il n'en parle jamais (sujet tabou )...
Le point positif de ce long métrage est que Cédric Kahn ne juge pas et essaie de rester le plus impartial possible ce qui n'est pas évident étant donné la grande médiatisation de cette affaire et que beaucoup de gens se sont faits leur propre idée et jugement.
J'avais peur que cela soit ennuyant; cela ne l'est pas grâce à une mise en scène exemplaire entre des mouvements et choix de placement de caméra bien pensé et grâce à un excellent montage qui donne à ce procès un bon rythme. La cour est quasiment filmée comme une salle de concert avec les applaudissements des partisans de Pierre Goldman qui est presqu'une rock star malgré lui !
Un mois à peine après "Anatomie d'une chute", il est intéressant de voir débarquer un autre film de procès même s'ils sont sensiblement différents. Ce qui intéresse le plus le réalisateur n'est pas de savoir si Pierre Goldman est coupable ou non mais de montrer les failles de la justice. Par exemple pourquoi doit on croire sur parole un témoin bien qu'il ait juré de dire la vérité: n'importe qui peut mentir ou se faire manipuler par certaines questions.
La manipulation est d'ailleurs un des autres sujets. Entre les avocats et la personnalité provocatrice de Pierre Goldman. On est en droit de ses demander s'il est ou pas un manipulateur...
A travers l'histoire de Pierre, Cédric Kahn pointe du doigt le racisme (policiers comme civils !) et les préjugés envers les juifs. Je dois dire que je ne m'attendais pas à ce que dans les années 70, une telle intolérance existait encore.
Le personnage de Pierre Goldman est franchement fascinant: on voit un homme qui est un brillant orateur très intelligent qui aime provoquer mais qui a aussi des failles et une morale: il a avoué le braquage de certains établissements mais a toujours nié ces deux meurtres.
Le casting est brillant à commencer par Nicolas Briançon magnifiquement odieux dans le rôle ingrat de maître Garaud, Arthur Harari et Aurélien Chaussade sont excellents en avocat de la défense, Stéphan Guérin-Tillié est parfait en président de la cour. On notera l'excellence des figurants (on peut apercevoir un qui ressemble pas mal à JJG , une autre à Simone Signoret etc...) qui se montrent discrets mais efficaces dans leurs expressions.
Et bien sur Arieh Worthalter. Il est totalement habité par son rôle et le césar du meilleur acteur lui pend déjà au nez. Sa carrière risque de changer...
Malgré un faible budget (à peine 2 millions d'Euros) , Cédric Kahn fait une reconstitution impressionnante et signe un des nombreux films marquants de 2023 . Un film qui va me "hanter" pendant plusieurs jours....