La folie des Hommes.

Le projet Nim c'est une idée un peu farfelue qui a été pondu dans les années 70, suite au film La planète des singes, et qui visait à tenter de franchir la barrière qui séparait l'Homme du primate. Dans ce documentaire, qui nous explique tout de A à Z grâce à une multitudes d'enregistrements de l'époque, mais aussi de témoignages des intervenants, l'évolution du projet est étudiée afin de nous expliquer le pourquoi du comment de cette déconfiture royale. En effet, Nim a été tout d'abord placé dans une famille d'accueil, élevé comme enfant, mais sans le moindre encadrement il devint rapidement un môme pourri gâté, et imaginez ce que ça peut donner quand il a la force de plusieurs hommes. Le cours des choses évolue, il passe par des scientifiques fumeurs de joints, un centre d'expérimentations gouvernemental, un ranch pour les animaux brimés, en somme ce pauvre animal, a, en quelques sortes, mené à bien l'expérience, mais pas dans le sens que l'on espérait. Mi-humain, mi-singe, il est 40 ans avant La Planète des singes : les origines une illustration parfaite d'une cohabitation impossible, la partie animale influant dangereusement sur son comportement; il parle en langage des signes pour réclamer un câlin, mais si vous lui tournez le dos trop rapidement il vous ouvre une artère.


Bref, Le projet Nim est un documentaire poignant sur le destin d'un singe qui aura été détruit par la part d'humanité que l'on aura « réveillé » en lui. Pas vraiment accusateur, les intervenants expliquant d'ailleurs leurs erreurs, il se pose avant tout comme un documentaire anthropologique plus que comme un outil délateur quant aux mauvais traitements faits aux animaux. Certes une brève partie traite du LEMSIP, centre où des expériences sont menées sur les chimpanzés, et l'on nous expliquera d'ailleurs qu'une loi fédérale oblige tout nouveau vaccin à être testé sur quatre primates. L'homme en charge de ces opérations sera d'ailleurs présent, affirmant le dégoût du métier qu'il pratiquait, mais que personne d'autre ne pouvait faire. Pas de hors-sujet donc, juste une petite explication du contexte de l'un des lieux qu'aura fréquenté Nim.
Pour conclure, les friands de documentaires animaliers qui sortent de l'éternelle reproduction dans la savane façon La Cinquième auront un produit puissant, passionnant, et n'illustrant pas la cruauté des Hommes, mais simplement leur folie. Les plus tatillons risqueront quant à eux de reprocher au métrage sa rythmique particulière et sa mise en scène glaciale, donnant à l'ensemble un aspect austère et peu engageant dans la forme.
Mention spéciale pour Nim, grande vedette du film, et dont la vie aura été étonnamment courte, puisqu'il est mort à 26 ans d'une crise cardiaque, alors que l'espérance de vie d'un chimpanzé peut atteindre la soixantaine (en liberté).