Autant le dire tout de suite, ce film n'est pas destiné à tout le monde et certains - comme moi - vont rester complètement hermétiques au discours très premier degré et peu subtil du prophète.
Ce qui au départ aurait pu être une bonne idée - accompagner un homme répandre une parole de paix et de partage - se révèle malheureusement complètement scolaire et sans surprise. Le film n'est qu'une succession de discours du prophète vaguement liés par le déplacement de celui-ci dans la ville. On assiste donc à une scénette puis à un clip avec la voix du prophète nous lançant des phrases du genre "Vos enfants ne sont pas vos enfants, ils sont les fils et les filles de la vie éternelle" ou encore "le travail c'est l'amour rendu visible". On finit par assister non pas à un film mais à une vague homélie ou leçon de morale sous forme de dessin animé.
Là où j'aurais pu adhérer au film (car je ne juge pas le discours - qui peut être contre un homme qui dit qu'il faut s'aimer plutôt que de se faire la guerre), c'est si celui-ci n'avait pas été aussi peu créatif face à son matériel. Le réalisateur a pris un discours qui devait le toucher et a juste illustré ce discours en se disant que cela suffirait à le rendre intéressant et crédible. Il aurait été tellement plus créatif (et pour le coup productif) de faire vivre les bienfaits d'une telle philosophie plutôt que de juste nous l'énoncer. Pourquoi ne pas avoir imaginé une histoire d'injustice, de destruction, de guerre et de lutte pour restaurer le bien-être de ses personnages pour montrer l'importance d'une philosophie pacifique comme celle-ci (on voit bien la tentative de la faire ici mais tout est maladroit et téléphoné) ? Montrer au lieu de dire finalement. Tiens... un peu comme au cinéma. Dommage donc que le Prophète ait oublié le média dans lequel il a essayé de s'intégrer, rendant son discours complètement inaudible.