Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne… face à l’inextricable réalité de la guerre, comment réagir si ce n’est par l’absurde ? Avec ce postulat un peu fou, entre Victor Hugo et Jean Anouilh, David Oelhoffen revient avec Le Quatrième mur dans le domaine du film de guerre.
Et si David Oelhoffen était actuellement le meilleur réalisateur français ? Après ses deux chefs-d’œuvre que sont Loin des hommes et Les derniers hommes, la question se pose sérieusement avec Le Quatrième mur, son nouveau film où il tente de décortiquer l’insondable guerre civile libanaise. Ceci à travers les yeux d’un metteur en scène aussi naïf au début qu’il est résigné à la fin, assiégé par une question lancinante dont au fond il a déjà la réponse : que peut l’art face à la guerre ?
Voyage au bout de la nuit
Dans la très violente histoire du 20e siècle, peu de conflits ont été aussi compliqués que la guerre civile libanaise, tant les factions impliquées étaient nombreuses et les intérêts divergents. Cela, David Oelhoffen le comprend bien. Et au lieu de se perdre dans de vaines explications, il choisit comme dans ses films précédents de laisser la guerre en toile de fond, sourde et menaçante, mais prête à surgir et tuer à tout moment.
Non, au lieu de cela, David Oelhoffen fait le choix de l’absurde. On pourrait penser que Le Quatrième mur est le film de l’importance de l’art contre la guerre. Au contraire. Le propos ici est plutôt celui de la vacuité des espoirs quand la mort domine. En accompagnant le personnage de Georges (magnifiquement campé par Laurent Lafitte) dans ce Beyrouth en ruines, on ne croit pas une seule seconde à ce projet fou de mettre en scène Antigone sur la ligne de démarcation.
En miroir de l’espoir que ressentent les personnages, on pressent avant eux la superbe inutilité de leurs rêves, et on les accompagne à mesure que ceux-ci sont déchus. On les voit, dans un scénario qui brille par son cynisme, devenir peu à peu résignés au-delà de toute espérance. Et c’est là que réside la qualité première du cinéma de David Oelhoffen : dans Loin des hommes, Les Derniers hommes ou Le Quatrième mur, le désespoir est toujours implicite. Il est sous-entendu quand à l’écran les personnages s’accrochent, quand on voudrait leur dire « fuyez, pauvres fous ! » alors qu’ils se battent contre l’immuable cycle de la violence humaine.
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