« Personne n’y comprend rien » quand « le Liban tire sur le Liban », car ce pays vit un drame, voire une tragédie : dans le premier cas, nous dit le film (et probablement le roman éponyme de Sorj Chalandon), tout le monde pense ça se passe mal et que ça peut changer, et dans le second, les rois savent que tout est écrit et que cela va mal se passer. L’autre tragédie, en miroir et argument du film, c’est Antigone, celle qui refuse les compromis, contrairement au personnage joué par Laurent Lafitte, qui, en tant que metteur en scène, doit sans cesse faire des compromis : un Druze pour tel personnage, un Chrétien, pour tel autre, une Palestinienne pour tel autre. Car l’histoire débute par un Juif grec qui voulait monter une pièce de théâtre sur la ligne de démarcation, en rassemblant toutes les communautés. Une utopie et une naïveté qui, en temps de guerre, peuvent virer au drame et à la tragédie. Un film plutôt réussi dans sa peinture de la mosaïque libanaise, de ses querelles essentielles ou picrocholines (« ici rien ne se dit, tout se devine ») comme dans les scènes de guerre, qui arrivent bien à restituer la surprise, la peur et l’effroi, avec en arrière-plan, l’intervention israélienne au Liban (et la mention des fusées éclairantes qu’on retrouve dans Valse avec Bachir d’Ari Folman) et le massacre de Sabra et Chatila, en septembre 1982, perpétré contre des Palestiniens du quartier de Sabra et du camp de réfugiés palestiniens de Chatila par les milices chrétiennes des phalangistes. Une autre réussite est dans les décors, avec cette atmosphère de désolation, notamment cette scène dans un théâtre en ruine criblé de balles, où toute voix, même non criée, a force de vie. La seule limite, est une adaptation qu’on sent scolaire, avec un Laurent Lafitte toujours ni bon ni mauvais, dans un quelque chose plus voisin du documentaire ou de la reconstitution (avec ces personnages très vite esquissés ) que du cinéma (où le mystère et l’alchimie comptent) capable de briser ce quatrième mur, ce mur « imaginaire situé sur le devant de la scène, séparant la scène des spectateurs et « au travers » duquel ceux-ci voient les acteurs jouer »

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