Sur le papier, le récidiviste avait tout pour me plaire. L'histoire d'un truand, Max Dembo, en quête de réinsertion après avoir passé l'essentiel de son temps en prison : pitch intéressant, même si classique. Le fait qu'Hoffman soit en lead, vu l'époque du film, était également prometteur. A l'arrivée, il faut se contenter d'un bon petit film à défaut d'y découvrir une oeuvre majeure voir simplement un moment inspiré. En effet, Le récidiviste semble un peu court, à de nombreux égards.
Dans son écriture d'abord, qui semble aller trop vite en besogne. Le changement radical d'attitude de Max est trop soudain, son burnout sur l'autoroute m'a fait l'effet d'une séquence forcée. De même que les préparatifs aux hold up seront précipitées par la suite, Le récidiviste ne prend pas assez le temps de poser son sujet et ses personnages. C'est bien dommage, car tout semble superficiel, on a en effet du mal à complètement adhérer au sentiment de réalisme pourtant souhaité par le réalisateur et son équipe. Si l'on en croit en tout cas le déroulement des braquages qui eux, parviennent à retranscrire le côté clinique de leurs exécutions. La réalisation va également dans le sens d'une recherche de réalisme, faite sur le vif, sans esbroufe. Elle est par contre presque trop timide, discrète et uniquement illustrative. Ulu Grosbar peine à imprimer sa marque et se contente de faire le boulot, qui manque d'un soupçon d'identité.
Seul Hoffman, qui s'investit à 300% parvient à élever le film de Grosbard. Il parvient avec un naturel saisissant à illustrer l’ambiguïté du personnage de Max Dembo. Prisonnier depuis presque toujours, il est difficile pour lui de trouver sa place dans une société qui ne se base plus sur la valeur de l'individu mais sur ce qu'il représente. L'argent semblant être le seul moyen pour s'ériger une image respectable, il retombera dans la violence des cambriolages en espérant y trouver un salut. Sans toutefois se voiler la face, il se connaît trop bien pour réellement croire qu'il essaye de s'en sortir.
Le récidiviste laisse donc le sentiment d'un film inachevé, en tout cas incomplet. On comprend rapidement où le réalisateur veut en venir, on adhère au personnage de Max Dembo sans réserve, mais on ne peut qu'être saisi de frustration devant son manque de développement. Ses choix sont tous si soudains qu'on se prend à en sourire, alors qu'on devrait avoir le coeur serré. Il manque à mon sens au film une bonne demie heure, au moins un développement plus complet de tous les personnages en présence. De ses complices à cette employée de bureau qu'il parvient, par la grâce du seigneur, à séduire (franchement, on n'y croit jamais à cette romance).
Déçu par le film mais séduit par contre par le personnage de Max Dembo et l'univers dans son ensemble. Étant donné qu'il est l'adaptation du roman No Beast So Fierce de Bunker que je n'ai pas lu, l'envie de me plonger dans ce bouquin se fait féroce.