"There’s a lot of knowledge in those eyes… but not understanding."

Annoncé comme un film d’horreur, ce film des débuts de Wise (à qui l’on devra plus tard West Side Story, La Mélodie du bonheur… et Star Trek) lorgne davantage sur le débat éthique. Un médecin récupère des cadavres pour la science et se compromet avec un horrible individu (Karloff, absolument génial) qui tue pour lui donner satisfaction. C’est surtout l’impossibilité à se débarrasser d’un pacte faustien qui construit la trame narrative. Le jeune médecin idéaliste venu assister l’enchaîné va découvrir un monde de plus en plus obscur, dans les bas-fonds de la maison de son maitre, puis les bars glauques de la ville et les tombes à creuser. Le film met un certain temps à commencer réellement. Dans un noir et blanc superbe et à travers un éclairage particulièrement travaillé (Karloff est presque toujours éclairé d’en bas, ce qui contribue à accentuer le caractère effrayant de son visage), l’horreur s’installe progressivement et le film dérive vers l’expressionnisme : rue nocturnes où l’on interrompt le chant des mendiantes, ombres sur le mur lors de la scène du meurtre (combat d’anthologie entre Bela Lugosi et Karloff), projetées sur un chat, posé sur le rebord de la cheminée, et surtout la superbe scène finale, cavalcade débridée du médecin en proie à la folie où le cadavre fraîchement déterré l’oppresse de plus en plus jusqu’à prendre le visage de ce dont il croyait débarrassé.