Comme je l’avais dit dans ma critique concernant La Mort de Superman, cet arc est sans conteste l’un des plus iconiques centrés sur l’homme d’acier, et Warner Animation avait réussi à en proposer une excellente animation. Cependant, à la base, l’arc lui-même se concentre sur 6 numéros de comics, et ce sont surtout la trentaine de numéros supplémentaires qui explorent un monde sans Superman peu à peu remplacer par ces prétendus « Supermen », et puis le retour définitif de Kal-El qui rend l’ensemble aussi épique et iconique.
Du coup, si la première partie avait été une excellente adaptation compte tenu du contexte même du DCUAOM, qu’en est-il de cette deuxième partie qui prend le pari de couvrir au final la plus grande partie de cet arc, mais aussi la moins connue du grand public ? La réponse est mitigée : encore une fois, l’adaptation s’inscrit très bien dans la continuité de l’univers, réussit à résoudre le problème de la présence de la Ligue de Justice et proposera une histoire palpitante. Mais force est de constater qu’on est quand même un bon cran en-dessous de la première partie.
En soit, le film réussit plutôt bien à concentrer tous les éléments de l’arc du Règne des Supermen (et même la suite de Funérailles d’un ami), tout en adaptant ici et là pour que ça s’inscrit dans la continuité et ne pas perdre le grand public. Malheureusement, on perd à côté beaucoup de la saveur de ce qui rendait cet arc si palpitant et épique. Le mystère autour des Supermen est très vite percé et manque terriblement d’enjeu, même si leur introduction dans la première demi-heure fonctionne très bien. Il manque simplement ce petit côté mystère, oppressant, limite paranoïaque qu’il y avait à l’origine.
Steel et Superboy auront droit à un développement plus avancé pour sans doute les intégrés à l’avenir, Cyborg Superman en tant qu’antagoniste central aura droit à son arc aussi, mais du coup l’Eradicateur passe presque à la trappe, son rôle est survolé. Et dans l’ensemble, il manquera ce climat un peu suspicieux à l’encontre de chacun des prétendants. On peut comprendre que l’action se passe à Méteropolis plutôt que Central City, et qu’ils n’aient pas décidé de pousser le concept jusqu’à raser la ville (ce qu’ils proposent à l’inverse avec cette police contrôlée par Hankshaw, où à la fin tous meurent, est tout aussi noire). Ça permet d’introduire de façon intéressante Darkseid , même s'il est au final presque gâché et lui aussi passé à la trappe (mais bon, ça peut se comprendre de préférer utiliser Darkseid plutôt que Mogul). Là encore, ça manque de panache, d’épique, ça ronronne un peu sans vraiment décoller.
Si le rôle donné par Lois reste intéressant, faisant d’elle au final l’héroïne du dyptique, on peut en revanche regretter ce qui a été fait avec Kal-El. Comme le reste, c’est très timide et pareil, s’il n’y avait pas forcément besoin de s’attarder sur l’explication derrière sa résurrection, il manque quand même toute l’essence qui rendait ce retour aussi iconique. Le fait que c’est un lent processus, qu’il reste quand même très faible, qu’il a besoin d’avoir sa carapace pour se protéger, le côté épique et surprenant de son retour, sa lente quête avant de pouvoir récupérer ses pouvoirs… Tout est abordé mais survolé dans cette adaptation, ce qui fait qu’on en perd un peu la saveur. Mais bon, il aurait fallu faire une trilogie pour vraiment tout retrouver à un niveau égal à la première partie. Seule amélioration notable : le personnage de Luthor, beaucoup plus proche et crédible dans ce qu’il fait.
Bref, cette suite sera dans l’ensemble correcte et répondra au cahier des charges tout en restant divertissante et j’y prendrai un plaisir à y retourner. Cependant, après une première partie ô combien très bonne dans ce qu’elle avait proposée, cette suite fera toujours un peu triste à côté, sans être décevante. Peut-être parce que je sais justement ce que l’après-Mort de Superman contient à l’origine et que c’est ce qui rend l’ensemble de cet arc aussi épique et iconique. Et que c’était difficile de tout faire tenir dans un film d’animation de moins de 90 min.