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Le Renard et l'Enfant par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Nous voici au beau milieu des paysages magnifiques de l'Ain, région sauvage et montagneuse où l'automne vient de faire son apparition. Au sein de cette riche végétation se côtoient toutes sortes d'animaux et notamment des renards. C'est justement pour cet animal qu'une petite fille rêveuse et avide d'aventures nourrit une passion débordante.
De la chambre de sa maison, elle observe la forêt et décide de suivre les traces de l'un d'eux. Celles-ci vont la mener à son gîte et la petite fille, patiemment, va tenter d'apprivoiser l'animal, observant ses habitudes au rythme des saisons et lui parlant. Petit à petit elle va courir après lui. Lui l'attendra dans cette course effrénée, elle s'en rapprochera, il restera méfiant, puis ils finiront par devenir amis, l'animal suivant sa nouvelle compagne et dormant auprès d'elle. L'amitié entre eux deux prendra alors de telles proportions qu'un jour l'enfant décidera de faire entrer le renard dans sa maison puis dans sa chambre pour jouer avec...


Cette œuvre, en dehors de l'extrême beauté de ses paysages, est un véritable plaidoyer sur l'amour de la nature, l'amour des hôtes de celle-ci et en même temps une formidable leçon de pédagogie rappelant le fossé qui sépare les bêtes dites sauvages et les hommes. Par cette rencontre avec ce renard, surnommé "Titou", la vie des deux êtres va s'en trouver bouleversée, à la manière de deux amants vivant dans l'insouciance un amour impossible. Au milieu de cette nature parfois chatoyante, parfois hostile voire même inquiétante, le renard, d'abord très fuyant, va petit à petit se laisser apprivoiser par sa petite compagne. Ils en deviendront inséparables.
Cette profonde passion que portera la fillette envers cet animal conduira celui-ci à adopter un changement radical dans son mode de vie, dans ses instincts, dans ses habitudes. Il va presque se socialiser mais la socialisation d'une bête sauvage a ses limites.
Le propos qui se dégage de ce film s'adresse à tous ceux qui acquièrent des animaux sauvages par caprice ou par passion en tentant de les faire vivre dans un cadre de vie différent du leur et qui, progressivement, finissent par les déstructurer. Certes l'animal se montre le plus souvent docile comme ce renard. Toutefois cette docilité a ses frontières car la bête elle aussi a ses états d'âme qui peuvent l'entraîner dans le mutisme, le désespoir ou même la panique, induisant des réactions complètement inattendues voire dramatiques. Un animal sauvage n'est jamais aussi beau que lorsque l'on peut avoir le privilège de l'observer, comme le faisait la petite fille, dans son cadre naturel avec sa vie, ses amours et ses luttes pour la survie de son espèce.


Après nous avoir emmenés sur la banquise, Luc Jacquet nous fait découvrir le paysage sauvage et escarpé de l'Ain pour nous compter un souvenir d'enfance. Lorsque l'on sait qu'il aura fallu observer pendant six mois les habitudes des renards puis effectuer trente semaines de tournages au cours des différentes saisons, on comprend la passion qui a envahi le réalisateur pour nous livrer ce film. Malgré quelques longueurs cette histoire toute simple finit par nous captiver. Le cadre et la qualité des images sont impressionnants. La vie de la forêt devient un théâtre sur la scène duquel s'y déroulent des drames, des luttes et des amours secrets.


Au travers de cette végétation changeant de tenue de gala au rythme des saisons, cette charmante petite fille interprétée par Bertille Noël-Bruneau, nous entraîne avec sa simplicité enfantine dans un merveilleux voyage. Les animaux sont eux-mêmes de magnifiques acteurs où même les plus petits prennent des allures impressionnantes sous l'œil avisé de la caméra de Luc Jacquet. Isabelle Carré , la narratrice, nous conte cette aventure pleine d'humanité avec beaucoup de charme et de sobriété.


N'hésitez surtout pas, comme cette fillette, à vous lancer vous aussi sur les traces de "Titou" le renard. Vous ne pourrez que succomber aux aventures de ce couple atypique courant et bondissant à travers les splendides paysages et les sentiers hantés par une faune filmée avec beaucoup d'élégance par Luc Jacquet.

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le 1 avr. 2013

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