Huit-clos ultra fauché avec un casting des plus improbable.
Lonsdale (qui n’articule presque plus), Dalle, Bohringer, Chevallier, Lavanant, Brasseur, Diefenthal, Stévenin, Duléry, j’en passe et des meilleurs.
Un bon gros crew de lascars. Le cinoche à la française qui sent le vin rouge et le pâté en croûte.
Avec cette formidable pléiade d’actrices et d’acteurs tout droit issus de la French Touch, Mocky s’amuse.
Adaptant (librement) The Madhouse in Washington Square de David Alexander, il enferme les protagonistes dans un bistrot à la recherche du meurtrier de l’odieux mais néanmoins brillant écrivain Charles Senac.
Ce qui intéresse Mocky c’est pas le budget, c’est pas les décors, c’est pas les effets spéciaux, c’est même pas la lumière ou les problèmes de faux raccords. Tout ça il s’en tape et il a bien raison !
Non, ce qui l’intéresse c’est ni plus ni moins de sonder l’âme humaine. C’est son leitmotiv, sa raison de faire du cinéma. C’est ça qu’il fait dans chacune de ses réalisations. Et qu’importe si le budget est dérisoire. Ce qui est important chez Mocky c’est pas la forme, c’est le fond.
De bons dialogues, de bons acteurs capables de restituer le texte correctement dès les premières prises, de bons personnages et un bon sujet.
Avec ça Mocky peut nous emmener jusqu’au bout du monde (si le billet est pas trop cher...).
Dans Le Renard Jaune tout y est. Tout Mocky est condensé sur un peu plus d’une heure et demie de cet objet cinématographique sans le sou mais incroyablement honnête. À l’image de son réalisateur bougon, toujours mal luné mais d’une franchise déconcertante.
Il n’y a que Mocky pour livrer une partition cinématographique aussi singulière.
Les personnages du film sont tous de sévères alcooliques squattant leur bistrot préféré depuis les heures les plus matinales de la journée. Ils sont tous noirs, désespérés et se fracassent les uns contre les autres. Ils sont sortis d’un monde qui ne leur ressemble en rien et se sont volontairement retranchés là où la bière sera toujours fraîche.
Mocky scrute alors les moindres recoins de leurs âmes pour voir si derrière la carapace, nos lascars seraient peut-être un peu plus que ces êtres ignobles que laisse supposer leur jugement, leur affect, leur réflexe, leur apparence, leur quotidien.
Peine perdue. Même ceux-là sont pourris, l’humanité à mettre au bûcher.
Mocky, le dernier punk !